IdéesSciences & Vie

Les inégalités de genre dans le milieu de l’astronomie : discussion avec l’astrophysicienne Emily Rickman [FR/EN]

Posté par Celia Capella 24 avril 2020

« Gender Inequalities in Astronomy: A Discussion with Astrophysicist Emily Rickman » : This article is available in English, at the end of the page ⇩⇩⇩

J’ai rencontré Emily Rickman l’an dernier alors que j’étais en stage à l’observatoire astronomique du mont Paranal, au Chili. Ce lieu accueille certains des plus grands télescopes du monde, un véritable Disneyland pour astronome. Sans mentir, après cinq ans d’études supérieures en physique, je n’étais pas vraiment surprise du faible nombre de femmes « sur la montagne », comme on dit là-bas. En revanche, j’ai pu rencontrer quelques astronomes marquantes par leur dynamisme et leur engagement concernant le sujet des femmes dans les sciences, et plus particulièrement en astronomie. Emily Rickman est l’une d’elles : à 26 ans, cette étudiante britannique termine un doctorat en astrophysique de l’Observatoire de Genève sur le sujet de l’imagerie directe des exoplanètes (c’est le nom donné aux planètes qui existent en dehors de notre système solaire).

Avec elle, j’ai discuté de la difficulté d’être une femme quand on travaille dans un milieu scientifique mais aussi des réseaux de soutien et de mentorat qui existent. Le constat est assez sombre concernant les obstacles que peuvent rencontrer les femmes, mais comme toujours, l’union semble être la solution pour un avenir meilleur et plus égalitaire.

Une vocation naissante dès l’enfance

 La première question que j’ai posée à Emily concernait son enfance, et m’a été très largement inspirée de l’excellent Podcast « Sois gentille, dis merci, fais un bisous » de Clémence Bodoc.

Quand as-tu exprimé pour la première fois la volonté de faire une certaine carrière, et quelle était-elle ?

« La première carrière dont je me souviens et que je voulais VRAIMENT faire était de devenir un concepteur/ingénieur de montagnes russes quand j’avais environ 10 ou 11 ans. J’adore les montagnes russes et, enfant, mon père et moi faisions de nombreuses montagnes russes et étions membres du Rollercoaster Club of Great Britain (RCCGB). En attendant dans les longues files d’attente pour monter sur les prochaines grandes montagnes russes, je pensais toujours à la façon dont quelqu’un devait trouver l’idée et calculer la vitesse, les forces G impliquées, le poids du train et des personnes à l’intérieur, et si le train allait atteindre les hautes collines et les renversements. J’aimais l’idée de m’asseoir et de concevoir la prochaine montagne russe que les gens viendraient visiter et monter, et de résoudre tous les problèmes qui en découlent. »

Un numéro de Horrible Science sur la gravité

Pour l’astronomie, c’est un autre rêve d’enfant qui l’animait : « Je me souviens que lorsque j’étais très petite, peut-être à l’âge de 5 ou 6 ans, j’ai fait ce rêve d’un Univers en expansion constante et cela m’a vraiment fait flipper au début. Mais il s’est vraiment imprimé dans ma mémoire et à partir de ce moment, j’ai été vraiment fascinée par le fait de regarder le ciel nocturne et de me demander ce qu’il y avait là. Je ne voulais pas nécessairement devenir astronome au départ, mais cela m’a vraiment donné envie de commencer à me demander « pourquoi », « quoi » et « d’où viennent les choses », qui sont des attributs essentiels pour être chercheur·e. J’ai acheté un télescope quand j’avais environ 14 ans et mon père et moi nous rendions en voiture dans le parc de South Downs en Angleterre pour chercher des étoiles et observer la Lune. Et pendant mon adolescence, j’ai collectionné tous les exemplaires du magazine « Horrible Science ». Je ne sais pas vraiment pourquoi j’étais si intéressée, mais j’ai toujours eu cette fascination de connaître les réponses aux questions compliquées de la vie. »

Les résultats de l’étude concernant la représentation des femmes dans les supports de cours scientifiques

Quand on parle du manque de femmes dans les milieux scientifiques, un argument souvent avancé est celui selon lequel les petites filles seraient « naturellement » moins attirées par les matières scientifiques. Mais les témoignages de mes amies ingénieures ou chercheures sont souvent similaires : avant un certain âge, on ne se rend pas compte que ce sont des domaines « de garçon ». Mais très vite, les médias et même l’école créent une image, un stéréotype associé au domaine des sciences et technologies (STEM) : une image très largement dominée par les hommes. La chercheuse néerlandaise Anne H. Kerkhoven a étudié les ressources de l’enseignement des sciences à l’école primaire, en comptant notamment le nombre total d’hommes et de femmes représentés, ainsi que la profession et l’activité de chaque personne dans les visuels. L’analyse a montré qu’il y avait plus d’hommes représentés dans une profession scientifique et que plus de femmes comme enseignantes.

« Même si la représentation stéréotypée des hommes et des femmes dans les sciences est un reflet fidèle de la répartition des sexes dans les sciences, nous devrions viser une représentation plus équilibrée. Un tel équilibre est un premier pas essentiel pour montrer aux enfants que les hommes et les femmes peuvent faire de la science, ce qui contribuera à un meilleur équilibre entre les sexes dans les domaines scientifiques et technologiques. »

En effet, des chercheur·e·s de la British Psychological Society ont publié en 2011 un article montrant que lorsque l’on présente des concepts scientifiques dans un contexte « féminisé », les filles sont plus intéressées par le sujet. A l’inverse, le niveau d’intérêt des garçons était accru lorsque le contexte était « masculin ». L’étude conclue ainsi que « Les différences entre les sexes dans le niveau d’intérêt pour les sujets scientifiques peuvent être prises en compte en créant des environnements d’apprentissage dans lesquels les élèves pourraient choisir le contexte dans lequel un certain concept scientifique est intégré. »

Les études supérieures, confirmation des stéréotypes

Emily a suivi un cursus scientifique d’excellence :

“J’ai étudié en master intégré en physique et en astrophysique à l’université de Sheffield, au Royaume-Uni. Dans le cadre de cette formation, j’ai passé une année à l’Australian National University, à Canberra, en Australie. Pendant mon séjour en Australie, j’ai été initiée à la recherche sur les exoplanètes, ce sur quoi je travaille actuellement. Après mon séjour en Australie, j’ai passé une année supplémentaire à faire des recherches à l’université de Sheffield sur les systèmes d’étoiles binaires. J’ai ensuite entamé un doctorat sur l’imagerie directe des exoplanètes à l’Observatoire de Genève – où les prix Nobel Michel Mayor et Didier Queloz ont découvert la première exoplanète autour d’une étoile de type solaire. Je viens de terminer mon doctorat et je vais travailler comme post-doctorante à l’Agence spatiale européenne, basée à l’Institut scientifique du télescope spatial de Baltimore, aux États-Unis, pour poursuivre mes travaux sur l’imagerie directe des exoplanètes.”

Si l’on en croit les statistiques, un tel cursus n’est pas si courant chez les jeunes femmes. En effet, bien que le nombre de diplômes de physique délivrés aux femmes ait augmenté au cours des deux dernières décennies, tant au niveau de la licence que du doctorat, il est resté stable au niveau de la maîtrise. À tous les niveaux de diplôme, le nombre de femmes dans ce domaine reste très faible.

En dehors des chiffres, il faut aussi évoquer l’ambiance dans laquelle on évolue dans les études supérieures. Dans un milieu majoritairement masculin, les grandes écoles d’ingénieur sont par exemple le théâtre régulier d’actes sexistes, discriminatoires voire même violents. Les discriminations peuvent provenir aussi bien des professeurs que des élèves. Si ce  n’est pas le quotidien de toutes les étudiantes, je connais très peu de personnes qui n’ont pas été victimes de « slut-shaming » – le fait d’humilier une femme lorsqu’elle exerce sa liberté sexuelle – ou le « man-splaining » – quand un homme coupe la parole à une femme pour lui expliquer quelque chose qu’elle connaît aussi bien que lui. Si ces phénomènes ne sont pas spécifiques au milieu scientifique, le fait d’être souvent la seule femme dans une salle de classe les rend plus courants.

Le monde du travail et la grande absence des femmes

À ton avis y-a-t-il un manque de femmes dans ton domaine ? As-tu une idée des causes de ce manque ?

« Oui, absolument. Je suis souvent la seule femme dans la salle lors d’une réunion ou d’une discussion.

Il existe de nombreux préjugés, conscients et inconscients, qui font que les femmes doivent travailler plus dur que leurs pairs masculins pour atteindre la même position. Les femmes souffrent également du « tuyau percé » : plus on monte en grade dans le domaine, plus elles sont nombreuses à partir – je pense que cela est dû à de nombreux facteurs différents liés au manque de soutien aux femmes. J’ai le sentiment que les femmes sont souvent découragées et qu’il y a un manque de modèles à suivre dans les postes de haut niveau. »

Le phénomène du « tuyau percé » ou « leaky pipeline » en anglais désigne la diminution du nombre de femmes dans le domaine des sciences et de la médecine universitaires, liée à la discrimination dont elles font l’objet en ce qui concerne le taux d’avancement, le salaire inférieur, l’absence de titularisation, etc.

En effet, même si le nombre de doctorats décernés aux femmes est en constante augmentation, les femmes ont encore tendance à être sous-représentées dans les postes de professeurs dans les universités. Elles sont en réalité victimes de nombreuses discriminations, ce qui les mène souvent à quitter les carrières scientifiques.

Un exemple est donné par une étude de l’Institut d’Astronomie de Zurich de 2017 qui fournit une évaluation quantitative des préjugés sexistes en astronomie en utilisant le nombre de citations d’articles écrits par des femmes. Cet indicateur donne le nombre de fois qu’un article scientifique a été utilisé, cité par d’autres scientifiques dans leurs publications : c’est un indicateur de l' »utilisation » de l’article, en quelque sorte. Les résultats sont les suivants : les femmes reçoivent 10% de citations en moins que ce à quoi on pourrait s’attendre si les articles ayant les mêmes caractéristiques étaient écrits par des auteurs masculins. Comme exemple de biais dans l’édition, on peut citer une étude de 2008 qui a étudié le nombre d’auteur·e·s féminins avant et après qu’une revue dans le domaine de l’écologie ait changé sa méthode pour le choix des articles à publier. Les examinateurs·rices ne connaissaient plus le genre de l’auteur·e des articles proposés. Le nombre d’articles publiés écrits par des femmes a alors augmenté de manière significative.

Être une femme signifie donc que l’on a une probabilité plus faible de voir son article publié dans les revues scientifiques, et par la suite d’être citée par les autres chercheur·e·s. Comme le nombre d’articles publiés et de citations sont un indicateur utilisé par les universités pour attribuer les postes à responsabilité, on observe un phénomène de plafond de verre très fort.

Jusque-là, le constat n’est pas très réjouissant. Mais pour surmonter les stéréotypes et créer un sentiment d’appartenance des femmes dans les sciences, de nombreux réseaux de femmes scientifiques ont vu le jour. Leur but : montrer aux femmes que même si elles sont seules dans les salles de réunion ou les observatoires, elles sont nombreuses à travers le monde. Créer du lien et surtout des systèmes de mentorat permet aux femmes de se sentir plus acceptées dans leur domaine, et de communiquer sur les discriminations vécues.

Emily a une expérience très positive de ce type de réseau :

« Je suis membre du groupe Facebook « Earth Science Women’s Network (ESWN) », que je trouve très instructif. Je suis plusieurs comptes de médias sociaux qui mettent en avant les femmes dans les sciences, par exemple « Women doing science » sur Twitter, Instagram, Facebook, etc. J’écris également pour le magazine « the female scientist » qui cherche à promouvoir les femmes et leur recherche dans les sciences. »

Elle a également évoqué des conférences sur le sujet : « Jusqu’à présent, ma préférée a été la conférence « Women in Space » à laquelle j’ai assisté l’année dernière à Phoenix, Arizona. J’ai également eu le plaisir d’assister au Sommet européen sur le genre à Londres en 2018 et à une journée sur le genre en physique à Genève en 2017. J’ai également participé à un « Gender Hackathon » à Genève en 2017, où j’ai travaillé en équipe pour trouver une idée de projet visant à aider les filles à faire carrière dans la technologie en leur offrant des cours de codage gratuits après l’école, ce qui a valu une bonne presse locale de la part de « Le temps » et l' »Union internationale des télécommunications (UIT) » . »

La question de l’influence du genre dans les carrières scientifiques est à traiter à toutes les étapes de l’orientation et de la vie professionnelle. Attirer plus de filles dans ces domaines est un enjeu crucial, mais si on ne prépare pas les universités et le monde du travail à mieux les accueillir, la situation ne changera pas. Il est essentiel de travailler à un changement de fond des mentalités pour permettre une réelle égalité des genres. A titre personnel, les résultats des recherches que j’ai faites pour écrire cet article m’ont alarmée, voire même découragée. Les choses ne changeront pas d’elles même, et visiblement c’est aux femmes scientifiques de se battre pour que les petites filles d’aujourd’hui découvrent ces passionnantes carrières dans les mêmes conditions que leurs collègues masculins. Un créneau de plus à ajouter à l’emploi du temps des Wonder-Women du XXIe siècle.

Je tiens à remercier Emily pour avoir répondu à mes questions, et avoir été une source d’inspiration et de motivation pour moi.

Sources :

  • Kerger, S., Martin, R. and Brunner, M. (2011), How can we enhance girls’ interest in scientific topics?. British Journal of Educational Psychology, 81: 606-628. doi:10.1111/j.2044-8279.2011.02019.x
  • Why So Few? Women in Science, Technology, Engineering, and Mathematics Hill, Catherine; Corbett, Christianne; St. Rose, Andresse American Association of University Women
  • Amber E. Budden, Tom Tregenza, Lonnie W. Aarssen, Julia Koricheva, Roosa Leimu, Christopher J. Lortie,Double-blind review favours increased representation of female authors,Trends in Ecology & Evolution,Volume 23, Issue 1,2008,Pages 4-6,ISSN 0169-5347,
  • Caplar, N., Tacchella, S. & Birrer, S. Quantitative evaluation of gender bias in astronomical publications from citation counts. Nat Astron 1, 0141 (2017). https://doi.org/10.1038/s41550-017-014



GENDER INEQUALITIES IN ASTRONOMY: A DISCUSSION WITH ASTROPHYSICIST EMILY RICKMAN

I met Emily last year while I was an intern at the Mount Paranal Astronomical Observatory in Chile. This place is home to some of the world’s largest telescopes, a veritable Disneyland for astronomers. To be honest, after five years of graduate studies in physics, I wasn’t really surprised about how few women are « on the mountain, » as they say there. On the other hand, I was able to meet a few astronomers who were remarkable for their dynamism and commitment to the subject of women in science, and more particularly in astronomy. Emily Rickman is one of them: at the age of 26, this British student is completing a doctorate in astrophysics at the Geneva Observatory on the subject of direct imaging of exoplanets (this is the name given to planets that exist outside our solar system).

Astronomical Observatory in Chile. This place is home to some of the world’s largest telescopes, a veritable Disneyland for astronomers. To be honest, after five years of graduate studies in physics, I wasn’t really surprised about how few women are « on the mountain, » as they say there. On the other hand, I was able to meet a few astronomers who were remarkable for their dynamism and commitment to the subject of women in science, and more particularly in astronomy. Emily Rickman is one of them: at the age of 26, this British student is completing a doctorate in astrophysics at the Geneva Observatory on the subject of direct imaging of exoplanets (this is the name given to planets that exist outside our solar system).

With her, I discussed the difficulty of being a woman when working in a scientific environment but also the support and mentoring networks that exist. The picture is rather bleak regarding the obstacles that women can encounter, but as always, union seems to be the solution for a better and more egalitarian future.

A nascent vocation from childhood

The first question I asked Emily was about her childhood and was largely inspired by the excellent Podcast « Sois gentille, dis merci, fais un bisou » by Clémence Bodoc .

When did you first express the desire to have a certain career, and what was it?

“The first career I remember that I REALLY wanted to do was become a rollercoaster designer/engineer when I was about 10 or 11 years old. I absolutely lover rollercoasters and as a kid, me and my Dad would ride rollercoaster after rollercoaster as well as being members of the Rollercoaster Club of Great Britain (RCCGB). Waiting in the long queues to ride the next big rollercoaster I would always think about how someone had to come up with the idea and calculated the speed, the G-forces involved, the weight of the train and the people in it, and whether it would reach the tall hills and inversions. I loved the idea of sitting down and designing the next rollercoaster that people would come and visit and ride and solving all the problems along the way that come with that.”

For astronomy, it was another childhood dream that animated her: “I remember when I was very little, maybe aged 5 or 6 years old, I had this dream of an ever-expanding Universe and it actually really freaked me out at first. But it really imprinted in my memory and from that moment I was really fascinated by looking up at the night sky and wondering what is out there. I didn’t necessarily want to become an astronomer initially, but it really sparked my interest to start questioning ‘why’ and ‘what’ and ‘where do things come from?’, which are key attributes to being a researcher. I bought a telescope when I was about 14 years old and my Dad and I would drive to the South Downs country park in England trying to look for stars and observing the Moon. And throughout my teen years I collected every copy of the ‘Horrible Science’ magazine. I don’t know really why I was so interested but I felt like I always had this fascination to know the answers to life’s complicated questions.”

The results of the study concerning the representation of women in scientific course materials

When talking about the lack of women in science, one argument often put forward is that little girls are « naturally » less attracted to science subjects. But the testimonies of my friends who are engineers or researchers are often similar: before a certain age, one does not realize that these are « boys' » fields. But very quickly, the media and even the school create an image, a stereotype associated with the field of science and technology (STEM): an image largely dominated by men. A study carried out by Dutch researcher Anne H. Kerkhoven looked at the resources of science education in primary school, including the total number of men and women represented, as well as the profession and activity of each person in the visuals. The analysis showed that more men were represented in a science profession and more women were represented as teachers.

“Even if the stereotypical representation of men and women in science is a true reflection of the gender distribution in science, we should aim for a more balanced representation. Such a balance is an essential first step towards showing children that both men and women can do science, which will contribute to more gender-balanced science and technology fields.”

Indeed, researchers from the British Psychological Society published an article in 2011 that when scientific concepts are presented in a « feminized » context, girls are more interested in the subject. Conversely, the level of interest of boys was higher when the context was « masculine ». The study concluded that : “Gender differences as well as individual differences in the level of interest in scientific topics may be taken into account by creating learning environments in which students could select the context in which a certain scientific concept is embedded. “

Higher education, confirmation of stereotypes

Emily has an excellent science background:

 » I studied an integrated Masters in Physics and Astrophysics at the University of Sheffield, UK. As a part of that I spent a year studying at the Australian National University, Canberra, Australia. During my time in Australia I was first introduced to the research of exoplanets, which is what I work on now. After my time in Australia, I spent one more year doing research at the University of Sheffield on binary star systems. I then started a PhD on direct imaging exoplanets at Geneva Observatory – home to Nobel Prize winners Michel Mayor and Didier Queloz for the discovery of the first exoplanet around a solar-type star. I am now just finishing my PhD and will be working as a postdoctoral fellow with the European Space Agency, based at the Space Telescope Science Institute, Baltimore, USA, continuing my work in direct imaging of exoplanets. ».

According to statistics, such a course of study is not so common among young women. Indeed, although the number of physics degrees awarded to women increased over the past two decades at both the bachelor’s and doctorate level, it remained flat at the master’s level. At all degree levels, the number of women in this field remains very small.

In addition to the numbers, one should also mention the atmosphere in which one evolves in higher education. In a predominantly male environment, the engineering schools, for example, are regularly the scene of sexist, discriminatory and even violent acts. Discrimination may come from both teachers and students. While this is not the daily life of all female students, I know very few people who have not been victims of ‘slut-shaming’ – the humiliation of a woman when she exercises her sexual freedom – or ‘man-splaining’ – when a man cuts a woman off to explain something she knows as well as he does. While these phenomena are not specific to the scientific community, being often the only woman in a classroom makes them more common.

The working sphere and the great absence of women

In your opinion, do you see a lack of women in your field? Do you have any ideas of causes of this gap?

“Yes absolutely. I will often be the only woman in room at a meeting or discussion.

There are many conscious and unconscious biases that exist that mean that women have to work harder than their male peers to reach the same position. Women also suffer from the ‘leaky pipeline’ whereas you go up in seniority in the field, more and more women leave – I think this is due to many different factors from lack of support for women. I feel that women are often discouraged and there is a lack of role models in senior positions to aspire to.”

The « leaky pipeline » phenomenon refers to the decline in the number of women in academic science and medicine due to discrimination against women in terms of promotion rates, lower pay, lack of tenure, etc.

Indeed, even though the number of doctorates awarded to women is constantly increasing, women still tend to be under-represented in university positions. They are in fact victims of numerous discriminations, which often lead them to leave scientific careers.

An example is given by a 2017 study from the Zurich Institute of Astronomy which provides a quantitative study of gender bias in astronomy using the number of citations of articles written by women. This indicator gives the number of times a scientific article has been used, cited by other scientists in their publications: it is an indicator of the « use » of the article, so to speak. The results are as follows: women receive 10% fewer citations than would be expected if articles with the same characteristics were written by male authors. Another example of publishing bias is a 2008 study that looked at the number of female authors before and after a journal in the field of ecology changed its method of selecting articles for publication. The reviewers no longer knew the gender of the proposed authors. As a result, the number of published articles written by women increased significantly.

Being a woman therefore means that one has a lower probability of having one’s paper published in scientific journals, and subsequently being cited by other researchers. Since the number of published articles and citations is an indicator used by universities to allocate positions of responsibility, a very strong glass ceiling phenomenon is observed.

So far, the finding is not very encouraging. However, in order to overcome stereotypes and create a sense of belonging for women in science, many networks of women scientists have emerged. Their aim: to show women that even if they are alone in meeting rooms or observatories, there are many of them around the world. Creating links and, above all, mentoring systems enables women to feel more accepted in their field and to communicate about the discrimination they experience.

Emily has a very positive experience of this type of network:

“I am a member of the Facebook group ‘Earth Science Women’s Network (ESWN)’ which I find informative. I follow several social media accounts that highlight women in science, for example ‘Women doing science’ on Twitter, Instagram, Facebook etc. I also write for the magazine ’the female scientist’ which seeks to promote women and their research in science.”

She also referred to conferences on the subject: “My favourite so far has been the ‘Women in Space’ conference which I attended last year in Phoenix, Arizona. I have also had the pleasure of attending the European Gender Summit in London in 2018 and a Gender in Physics day based in Geneva in 2017. I was also part of a Gender Hackathon in Geneva in 2017 where I worked on a team to come up with a project idea to help girls pursue careers in technology by providing free after-school coding classes which gained a fair amount of local press from ‘Le temps’ and the ‘International Telecommunication Union (ITU)”.

The issue of gender influence in scientific careers needs to be addressed at all stages of career guidance and professional life. Attracting more girls into these fields is a crucial issue, but if universities and the world of work are not prepared to welcome them better, the situation will not change. It is essential to work towards a fundamental change in mentalities in order to achieve real gender equality. On a personal note, the results of the research I did to write this article alarmed me, and even discouraged me. Things will not change on their own, and it is clearly up to women scientists to fight to ensure that today’s little girls discover these exciting careers on the same terms as their male colleagues. One more time slot to be added to the Wonder-Women of the 21st century.

I would like to thank Emily for answering my questions and being a source of inspiration and motivation for me.

References :

  • Kerger, S., Martin, R. and Brunner, M. (2011), How can we enhance girls’ interest in scientific topics?. British Journal of Educational Psychology, 81: 606-628. doi:10.1111/j.2044-8279.2011.02019.x
  • Why So Few? Women in Science, Technology, Engineering, and Mathematics Hill, Catherine; Corbett, Christianne; St. Rose, Andresse American Association of University Women
  • Amber E. Budden, Tom Tregenza, Lonnie W. Aarssen, Julia Koricheva, Roosa Leimu, Christopher J. Lortie,Double-blind review favours increased representation of female authors,Trends in Ecology & Evolution,Volume 23, Issue 1,2008,Pages 4-6,ISSN 0169-5347,
  • Caplar, N., Tacchella, S. & Birrer, S. Quantitative evaluation of gender bias in astronomical publications from citation counts. Nat Astron 1, 0141 (2017). https://doi.org/10.1038/s41550-017-0141

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