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Lettre à mes meilleures amies

Posté par Marie 9 septembre 2019

Mes chères amies, mes BFF, mes sœurs choisies,

Toute petite déjà, alors que je faisais mes premiers pas à l’école, on me demandait régulièrement si je m’étais fait des copains ou des copines. Mais il faut les comprendre : l’amitié, gage de réussite sociale à l’école et d’équilibre psychologique dès le plus jeune âge, occupe une place centrale dans les esprits inquiets des parents qui envoient pour la première fois leur petit bout d’chou dans le monde inconnu et cruel de l’école.

Lorsqu’on me demandait si je m’étais fait des copains ou des copines, donc, je répondais toujours à l’affirmative, puis je les citais : Thomas, Mickaël, Arthur… Que des petits garçons. Ce qui avait le don de faire rire, d’inquiéter, d’interpeller ou simplement d’étonner mon entourage, mais ce qui ne m’a jamais posé de problème en particulier. Après tout, j’avais des amis, c’est le principal !

Le fait est qu’avant que vous ne débarquiez dans ma vie j’avais toujours eu plus de mal à tisser des amitiés avec les filles. Je ne sais pas si c’était le produit d’une différence de goûts ou de personnalités, ou bien le rejet de la conformité féminine qui était attendue de moi. Toujours est-il que j’avais beaucoup plus de facilité à tisser des liens avec les garçons, ce qui n’a bien sûr eu aucun impact négatif sur mon développement personnel ou mon équilibre social et psychologique.

Et puis un jour, j’ai quitté le lycée et j’ai plongé dans le grand bain des études supérieures.  En naviguant ces eaux inexplorées, j’ai eu l’occasion de sortir entièrement de la bulle sociale que je fréquentais et de rencontrer des individus que je n’aurais jamais rencontrés sinon, et par un enchaînement d’heureux hasards je vous ai rencontrées une à une au fil des années. Quel bonheur !

Ce qu’on ne vous dit pas lorsque vous naissez femme, c’est que votre vie sera semée de pièges qui n’auraient pas existé si vous étiez nées avec un pénis. Personne n’a la bonne idée de vous prévenir le plus tôt possible qu’il faut se préparer, s’armer contre toutes ces réflexions, ces obstacles et ces agressions que vous aurez à affronter tout au long de votre vie.

Avec vous, j’ai trouvé ma force. J’ai trouvé une forme de sororité qui m’a soutenue dans tous mes moments de doutes. J’ai découvert que la peur que j’ai au ventre lorsque je suis seule dans la rue le soir n’était pas anormale. J’ai rencontré une brochette de femmes toutes plus fortes les unes que les autres, qui m’impressionnent et m’inspirent chaque jour, mais qui me confirment également qu’être une femme c’est vivre une série monumentale d’épreuves, même en 2019, même en France.

Mes meilleures amies vous êtes drôles, généreuses, si belles et si fortes. Sans vous je n’aurais peut-être jamais compris le véritable sens du mot « féministe », ni celui du mot « bienveillance » d’ailleurs. Je ne pense pas exagérer en disant que s’il le fallait j’irais me battre dans la rue pour vous. Chaque minute que je passe en votre compagnie m’apprend une myriade de choses. Vous êtes tellement intelligentes, c’en est presque énervant !

En découvrant que je pouvais être amie avec des filles au même titre qu’avec des garçons, j’ai également découvert l’aspect essentiel de cette entraide féminine. Sans vous je serais toujours seule face aux obstacles que mon genre m’impose ; avec vous j’ai découvert qu’il suffisait qu’on se tienne la main pour les franchir. Et les milles pensées affectueuses que je vous envoie chaque jour, mes meilleures amies, je les envoie également à toutes les femmes de ce monde, car c’est en se serrant les coudes que nous vaincrons.

Marie.

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