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Miam Art #4 : Les délices de Bosch

Posté par Ju le Zébu 22 mai 2020

Chez Berthine, comme nous sommes des gourmand·es, nous portons une attention toute particulière à la nourriture en peinture. L’alimentation, en tant que pratique culturelle typique à une époque ou à un groupe social, est un objet digne de représentation, souvent porteur d’un discours plus vaste. Dans tous les cas, nous, l’art pictural nous inspire dans le champ de l’art culinaire. Miam, miam. Nous vous proposons donc de découvrir un tableau, plus ou moins connu, et une recette végane que nous imaginons à partir de lui.

Vous avez choisi ce mois-ci un tableau de l’extraordinaire Hieronymus (dit Jérôme par chez nous) Bosch et pas le moindre : Le Jardin des délices. Voilà un titre prometteur !

Avant de nous pencher sur les douceurs cachées du tableau choisi, voici quelques éléments pour briller à table. Jérôme Bosch (1450 – 1516), si vous ne le saviez pas encore, est un peintre majeur du XVe siècle. Peintre néerlandais, on le classe parmi les primitifs flamands. On dispose d’assez peu d’éléments vérifiés sur sa biographie. Il est ainsi presque aussi mystérieux que les tableaux qu’il nous a légués. On sait cependant qu’il fut proche des milieux humanistes. Il semble évident aux spécialistes de son œuvre qu’il était familier de la pensée d’Érasme (un compatriote néerlandais, ne l’oublions pas) mais aussi de Thomas More (qui passa d’ailleurs quelques temps en Belgique). J. Bosch effectua, comme d’autres collègues de l’époque, un voyage en Italie où fleurissait alors la Renaissance. L’art des primitifs flamands se distingue cependant largement de ce courant culturel dominant . Le travail de Bosch est fortement influencé par l’héritage artistique du Moyen-Âge. On y retrouve néanmoins les réflexions et les idéaux de l’humanisme. Ses tableaux sont toujours foisonnants, remplis de créatures étranges, drôles et parfois inquiétantes, inspirées du bestiaire moyen-âgeux mais aussi des personnages caricaturaux. C’est un langage pictural difficile à décrypter, d’autant plus pour nos yeux du XXIe siècle. Cela ne l’empêche pas de continuer à exercer sur nous une fascination sans limite. Probablement inquiet de la déchéance de ses contemporains, Bosch réalise des œuvres dîtes « sacrilèges » (le thème de la religion est en effet central). Elles confrontent leurs spectateurs au Péché et à l’Enfer, offrant souvent une nette opposition entre l’Enfer et le Paradis.

Nous cuisinons cette semaine à partir du panneau central du Jardin des délices. Celui-ci offre une vision idyllique de l’humanité avant le Déluge. Les corps s’enchevêtrent joyeusement, profitant de la fraîcheur de l’eau, de l’abondance de fruits. C’est un véritable paradis terrestre, un délicieux bazar plein de quiétude. La tentation de se joindre à cet incroyable pique-nique est grande. On croque allègrement dans une fraise par-là, dans une mûre par-ici. Tout semble extrêmement frais et revigorant. Les formes ovales et harmonieuses sont nombreuses. Tous ces corps, ou presque, sont d’une blancheur de lait. Tout est si bien et si beau, qu’ils pètent même des fleurs !

Ces éléments – fruits rouges, crème ou lait, dans un cercle… -, arrangés autrement, ne donnerait-il pas… un délicieux cheesecake bien frais ? Aurions-nous décrypter le message caché de Jérôme Bosch ? Qui sait… En attendant, voici venir une farandole de consignes pour réussir le plus délicieux des cheesecake – et je vous assure qu’il est très frais.

Pour 8 pers. (moins si le cheesecake est votre péché mignon)

Ingrédients :
  • 300g de spéculoos
  • 80g de margarine
  • 200g de noix de cajou
  • 150g de lait de coco
  • 1 c. à s. d’huile de coco
  • 250g de yaourt végétal nature
  • 100g de sucre
  • Le jus d’un citron (et le zeste de ce citron)
  • 1 c. à c. d’agar-agar
  • 80ml d’eau
  • Des fraises et des myrtilles
Préparation :
  1. La veille (et oui, n’oubliez surtout pas!), mettez à tremper les noix de cajou. En plus de cela, faîtes fondre dans une casserole l’huile de coco. Ajoutez-y le lait de coco jusqu’à ébullition. Mélangez bien. Lorsque le tout a refroidi, conservez au frigidaire.
  2. Le jour J (mais au moins 5 heures avant!), écrasez vos spéculoos jusqu’à obtenir de petits morceaux. Ajoutez la margarine et mélangez avec les mains jusqu’à obtention d’une boule.
  3. Dans un moule graissé ou tapissé de papier cuisson, étalez également la pâte obtenue en guise de fond. Conservez au réfrigérateur.
  4. Rincez vos noix de cajou, essorez-les avant de les mixer dans un blender jusqu’à obtention d’une pâte homogène. Mettez de côté.
  5. Dans une casserole, mettez l’eau mélangée au jus, aux zestes de citron et au sucre à chauffer. Ajoutez l’agar-agar et portez à ébullition. Laissez tiédir puis mélangez à la crème de cajou.
  6. Dans un saladier montez le lait de coco en neige (autant que possible). Puis incorporez doucement au reste de la préparation.
  7. Sur la base de spéculoos, disposez quelques (ou beaucoup de) fraises et myrtilles, puis recouvrez de la préparation. Pour la décoration (et le délice) décorez le dessus du gâteau de fruits.
  8. Placez au congélateur pendant 4h (pas une de moins) et sortez-le 1h avant de servir. Un tel gâteau, c’est peut-être pousser le vice de la gourmandise un peu loin, direz-vous, mais cela vaut largement un paradis perdu 😉 Bon appétit !

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