Culture

« The Square », une palme d’or méritée?

Posté par Marie 24 octobre 2017

The Square, 2017, un film de Ruben Östlund

Synopsis officiel: Conservateur apprécié d’un musée d’art contemporain, Christian fait aussi partie de ces gens qui roulent en voiture électrique et soutiennent les grandes causes humanitaires. Il prépare sa prochaine exposition, intitulée « The Square », autour d’une installation incitant les visiteurs à l’altruisme et leur rappelant leur devoir à l’égard de leurs prochains. Mais il est parfois difficile de vivre en accord avec ses valeurs : quand Christian se fait voler son téléphone portable, sa réaction ne l’honore guère… Il se retrouve alors plongé dans une véritable crise existentielle.

Avec: Claes Bang, Elisabeth Moss

 

Vous avez sûrement déjà entendu parler de The Square. Lauréat plutôt controversé de la palme d’or à Cannes en 2017, il est indéniable que le dernier long-métrage de Ruben Östlund (le réalisateur suédois également à l’origine du très bon Force Majeure en 2011 ) a fait couler beaucoup d’encre. « Quel manque d’audace !  » s’était exclamé Télérama au lendemain de la cérémonie , à propos du choix du jury, présidé cette année par Pedro Almodovar, de couronner ce film : il est vrai que comparé à 120 Battements par Minute (Robin Campillo) , ou encore Faute d’amour (Andreï Zviaguintsev), The Square pourrait presque paraître fade. J’ai bien dit « presque » …

Comme son titre l’indique, dans The Square, tout est question de symétrie. Symétrie dans la forme d’abord, car les plans bénéficient tout au long du film d’une précision et d’une répartition tout à fait géométrique. Ces formes parfaites, ces personnages si bien alignés, contrastent avec la façon dont le personnage principal, Christian, est filmé : souvent, pour ne pas dire toujours, en décalage par rapport au reste du cadre. Comme si, dans une société si bien ordonnée, il sortait du lot.

On retrouve également cette symétrie dans la relation entre les personnages : d’une part il y a Christian, conservateur d’un grand musée d’art contemporain, qui conduit une très belle voiture et est toujours impeccablement habillé ; de l’autre, les plus démunis, voire les mendiants, dont la présence est omniprésente dans le scénario.

Le rythme du film est lent ; Östlund prend le temps de s’arrêter (parfois trop !) longuement sur certaines scènes. Et parfois, sans qu’on s’y attende, ça claque ! Soit par des scènes comiques plutôt réussies, soit par des scènes glaçantes qui font réfléchir (une scène est particulièrement marquante, celle du singe au gala, que je vous laisse découvrir… Pour l’instant, elle ne m’a toujours pas quittée). En fait, il y a une grande distance entre l’apparente froideur de la mise en scène, du décor et du scénario, et les bons sentiments que le film cherche à transmettre. C’est d’ailleurs son principal défaut : à force de jouer sur ces bons sentiments, la réflexion perd de sa saveur…

Il y a un côté indubitablement surréaliste à l’ensemble de l’oeuvre; bien que le scénario paraisse ancré dans la réalité au début, au fur et à mesure que les péripéties se déroulent on commence à se demander constamment où se trouve la frontière entre réalité et délire…

The Square est donc un pari ambitieux. C’est une véritable expérience de visionnage qui, à mon avis, aurait bénéficié d’une grosse poignée de minutes en moins et d’une exploration plus en profondeur de certains thèmes et personnages.

7.5/10

Laisser un commentaire

À lire