Culture

La face cachée de Cléopâtre

Posté par Alice 11 juin 2025

À Paris, l’Institut du monde arabe consacre une exposition à l’une des figures les plus emblématiques de l’histoire. « Le Mystère Cléopâtre » ne cherche pas à glorifier la légende, mais à la questionner. Loin des clichés hollywoodiens, la reine d’Égypte y apparaît sous un jour nouveau, plus politique, plus humain, et surtout plus nuancé.

Cléopâtre
© le parisien

Dès l’entrée, une statue du XVIIe siècle, nue, blanche, un serpent à la main, accueille le visiteur. Elle incarne le moment de son suicide, tel que l’imaginaire collectif l’a figé. Pourtant, cette scène relève davantage de la fiction que de la réalité. Cléopâtre ne serait pas morte le sein tendu à un aspic, comme la tradition le raconte, mais parée de ses plus beaux atours. L’exposition démonte patiemment cette image de femme fatale, construite au fil des siècles par des auteurs souvent hostiles à son pouvoir.

Car si Cléopâtre fascine, c’est autant pour son destin que pour le regard que l’histoire a posé sur elle. Les Romains, notamment les poètes proches d’Auguste, ont forgé sa réputation sulfureuse. Courtisane, manipulatrice, séductrice, des qualificatifs souvent brandis contre une femme de pouvoir. Mais au cœur de cette relecture se cache une réalité plus solide. Cléopâtre fut une souveraine politique habile, restée vingt-deux ans à la tête de l’Égypte, menant des réformes monétaires et agricoles majeures.

Cléopâtre, au-delà du mythe

L’exposition réunit 250 œuvres, sculptures, objets antiques, pièces de monnaie, mais aussi créations contemporaines. En bas, l’histoire factuelle. En haut, la représentation artistique, du théâtre de Sarah Bernhardt aux fastes du film de 1963 avec Elizabeth Taylor. Une manière de montrer comment l’image de la reine s’est transformée en produit culturel, parfois aux dépens de la vérité historique.

Les artistes actuelles s’emparent du mythe pour le détourner, le déconstruire, le réinterpréter. Cléopâtre devient alors un symbole plus large : celui du combat des femmes pour le pouvoir et la reconnaissance. L’exposition rappelle qu’elle ne fut ni simple icône, ni pure invention, mais une femme réelle, prise entre légendes et propagandes.

Visible jusqu’au 11 janvier, cette plongée dans l’histoire et ses déformations interroge notre façon de raconter les figures féminines puissantes. Et souligne combien le passé continue d’éclairer les enjeux contemporains.

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