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Lettres à mes ami.e.s phobiques de la route

Posté par Marie 4 janvier 2024

Mes chèr.e.s ami.e.s,

Je m’adresse à vous aujourd’hui en tant qu’amie, en tant qu’alliée. Je ne vous jugerai pas, ne vous en faites pas.

Saviez-vous que la phobie de la route touche un très grand nombre de français ? Impossible de savoir combien exactement car aucune étude rigoureuse n’a été menée à ce sujet mais parlez-en à votre entourage, vous verrez que ce mal est plus commun qu’on ne le croit. Certain.e.s ne peuvent plus prendre le volant suite à un traumatisme ; d’autres n’arrivent pas à passer le cap du permis de conduire et ne cessent de le procrastiner pour une raison qui leur échappe. On appelle cette phobie de conduire « l’amaxophobie ». Salut, les amaxophobes !

Passé un certain âge, on a probablement commencé à vous embêter avec ce fichu permis. Sans nécessairement chercher à être malveillant, votre entourage a néanmoins persisté à appuyer là où ça fait mal. « Alors, quand est-ce que tu commences tes heures ? » et autres « Bon, quand est-ce que tu reconduis » viennent ponctuer nos repas de famille et nous tordent l’estomac sans que nous sachions pourquoi.

Ne vous en faites pas. Vous n’êtes pas seul.e. Je sais qu’exprimer un tel mal-être n’est pas facile car il est difficile à cerner et, surtout, à assumer. Je sais que c’est désagréable d’être la personne qui demande systématiquement à être déposée, reconduite de soirée ou emmenée chez le dentiste. Je sais qu’à chaque fois qu’on vous en parle vous avez les larmes qui approchent et la gorge qui se noue. Je sais.

Et puis bon, rappelons tout de même que notre peur est fondée et légitime. Il suffit de regarder le nombre d’accidents graves voire mortels provoqués quotidiennement par la route. Acceptons cette peur comme étant rationnelle : c’est si rare qu’une peur le soit, profitons-en !

Il existe plusieurs remède à ce « mal du siècle » qui touche particulièrement les jeunes de 18 à 25 ans (mais iels ne sont pas seul.e.s, le stress post-traumatique n’épargne personne). Vous pouvez consulter, il n’y a pas de honte ! Beaucoup de psychologues se spécialisent dans les cas de phobiques de la conduite. Vous pouvez aussi adapter votre reprise de la conduite ou votre apprentissage : il existe des cursus de conduite accompagnée pour personnes majeures par exemple, ou encore des stages de reprise de la conduite (ces derniers sont particulièrement adaptés aux personnes n’ayant pas conduit depuis plusieurs années et souhaitant ré-apprendre les réflexes à adopter).

Personnellement, j’ai opté pour une autre stratégie. J’ai rencontré quelqu’un qui m’a dit, tout simplement « Tu sais, ce n’est pas grave si tu conduis jamais, tu peux vivre sans conduire ». C’était la première fois de ma vie qu’n me disait cela et ça m’a fait un bien fou. Indépendante comme je suis, ce n’est pas facile de le croire. J’ai réussi tant bien que mal à accepter cette vérité. Oui, malgré ce que vos parents vous répètent en boucle, il est largement possible de vivre sans jamais conduire. Les transports en commun et vos proches seront toujours là pour vous. Ce n’est pas grave si vous ne reprenez pas le volant, ayez confiance en votre capacité à vivre sans cela. Acceptez qui vous êtes, peurs incluses, et je vous promets qu’elles vous paraîtront soudainement beaucoup moins insurmontables.

Voilà, peut-être que nous ne (re-)conduirons jamais. Mais nous évoluerons  dans l’acceptation de cette vie, nous économiserons le prix d’une assurance véhicule et surtout nous réussirons à vivre sans encombres, croyez-moi, pour l’instant j’ai une vie équilibrée et un boulot stable sans jamais conduire.

Si jamais on vous embête lors de votre prochain dîner de famille sur le sujet, pensez à moi, et répétez-vous bien : je peux vivre sans conduire. Et peut-être qu’un jour, qui sait, vous saurez surmonter cette peur.

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