Culture

Astérix en Lusitanie : un voyage calibré entre clichés assumés et autocensure moderne

posted by Vincent 23 octobre 2025

Le 41e album d’Astérix débarque en fanfare. Direction le Portugal, entre morue, faïence et saudade, mais avec un œil neuf : Fabcaro et Conrad jouent la carte d’un humour moins caricatural, sans renier la recette d’origine.

Une sortie événement pour la série la plus vendue de la BD française

Sorti ce 23 octobre dans 19 langues et tiré à 5 millions d’exemplaires (dont 2 millions pour la France), Astérix en Lusitanie marque le retour des irréductibles Gaulois sous la plume de Fabcaro et les pinceaux de Didier Conrad. Cette nouvelle aventure en territoire portugais conserve la mécanique bien huilée de la série : jeux de mots, patronymes à rallonge, baffes aux Romains, clins d’œil historiques et satire douce du monde moderne.

Moins de poils, plus de précautions

Cette fois, les auteurs se savent attendus. Le traitement des stéréotypes culturels est devenu un sujet sensible. Pas question, donc, de représenter des Portugais systématiquement velus ou de tomber dans la moquerie gratuite. Fabcaro l’admet : l’époque impose une forme d’autocensure. Même Obélix, lorsqu’il se déguise en Lusitanien, doit s’accommoder de poils bruns pour rester lisible sans tomber dans le cliché trop appuyé. Le personnage de Pirespès incarne cet équilibre, caricatural sans être stigmatisant.

Entre tradition parodique et adaptation contemporaine

L’album reste fidèle à la tradition des albums de voyage (Astérix chez les Bretonsen Hispanie, etc.). Ici, tout y passe : saudade, azulejos, morue, fado, jusqu’à un clin d’œil au poète Pessoa. Mais tout est traité au second degré, avec cette distance humoristique héritée de Goscinny. La satire reste bon enfant, même si la prudence est palpable. Une case bien placée évoque aussi la polémique autour du personnage de Baba, vigie stéréotypée des pirates, pour mieux la désamorcer.

Ce nouvel Astérix joue sur deux tableaux : rassurer les fans historiques tout en s’alignant sur les sensibilités actuelles. Fabcaro et Conrad maîtrisent les codes de la série, mais les adaptent avec précaution. Si certains regretteront une certaine tiédeur humoristique, l’ensemble fonctionne. Pas de révolution, mais une évolution contrôlée, à la hauteur d’un monument qui ne peut plus faire comme si rien n’avait changé depuis 1964. À vous de juger si la potion a encore le même goût.

Leave a Comment

À lire