
Il était la voix grave et le piano blues derrière Supertramp. Rick Davies, cofondateur du groupe britannique culte, est mort à l’âge de 81 ans après une longue bataille contre le cancer. Retour sur la trajectoire de cet artiste discret mais essentiel.
L’âme de Supertramp s’est éteinte
Rick Davies s’est éteint ce 5 septembre 2025 dans sa maison de Long Island, des suites d’un myélome multiple, un cancer du sang contre lequel il luttait depuis plusieurs années. Pour le grand public, son nom ne résonne pas toujours immédiatement — mais ses compositions, elles, ont marqué des millions d’oreilles. Bloody Well Right, Goodbye Stranger, School… c’est lui. Sa voix chaude et rauque, ses riffs de Wurlitzer, sa direction musicale : sans Rick Davies, Supertramp n’aurait jamais été Supertramp.
Un musicien complet et discret
Né en 1944 à Swindon, au Royaume-Uni, Rick Davies débute à la batterie avant de passer au piano. Autodidacte déterminé, il développe un style mêlant rock progressif, jazz et blues, très loin des cases formatées. En 1969, après une petite annonce dans Melody Maker, il fonde un nouveau groupe avec Roger Hodgson. Ce sera Supertramp. Les deux artistes coécrivent les plus grands titres du groupe dans les années 70, avec ce subtil équilibre entre la voix perchée de Hodgson et celle, plus terrienne, de Davies.
L’homme de l’après-Hodgson
Quand Roger Hodgson quitte le navire en 1983, beaucoup pensent que Supertramp est fini. Rick Davies, lui, continue. Il compose, il tourne, il enregistre. Brother Where You Bound, Free As a Bird, Some Things Never Change : autant d’albums qui n’ont certes pas connu le succès colossal de Breakfast in America, mais qui prouvent que Rick n’a jamais lâché. Jusqu’en 2015, il mène le groupe sur scène — avant qu’un diagnostic de cancer ne l’oblige à tout arrêter.
Une discrétion saluée, une œuvre qui reste
Il y a les rockstars flamboyantes. Et il y a les artisans. Rick Davies appartenait à cette deuxième catégorie. Pas besoin de paillettes quand on a écrit Rudy ou From Now On. Pas besoin de clashs publics quand on sait faire vivre un groupe pendant quarante ans. Son décès laisse un vide pour les fans du rock britannique, et un héritage immense pour tous ceux qui, un jour, ont chantonné The Logical Song sans même savoir que c’était lui derrière.
Rick Davies n’était pas une légende bruyante. Il était un pilier. Et parfois, ce sont les piliers qu’on pleure le plus fort.