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Crise climatique : tou.te.s responsables ?

Posté par SandraK 12 septembre 2018

Samedi 8 septembre 2018, des centaines de milliers de français.e.s se sont réuni.e.s dans toute la France au sein de marches pour le climat. Les revendications étaient claires : les gouvernements doivent agir ! Jacques Attali s’est pâmé d’un tweet (et il n’est pas le seul) qui a fait jaser l’opinion publique, jugé trop culpabilisateur.

 

 

C’est vrai que venant de Jacques Attali, grand soutien d’Emmanuel Macron, néo-libéral des premières heures, on ne peut s’empêcher d’éprouver un malaise profond. Les réactions qu’ont soulevées son tweet m’ont cependant alarmée. Beaucoup de personnes considèrent que les efforts individuels demandés aux citoyen.ne.s sont totalement inutiles et n’ont aucun impact. Toute la politique écologiste doit être menée par les États, en gros, par le haut. Ou plus directement, le système tout entier doit être révolutionné.

 

 

En théorie, c’est vrai : le capitalisme est le responsable du changement climatique qui va mener l’humanité à sa fin. Lire sur le sujet : Tout peut changer : capitalisme et changement climatique de Naomi Klein. Si on sort du capitalisme demain, peut-être arriverons-nous à survivre un peu plus que 30 ans, bien que le point de non-retour soit déjà gravement atteint.

En pratique, le problème me paraît nettement différent. Tout laisse à croire qu’aucun des gouvernements des pays les plus pollueurs sur cette planète n’a l’intention de bouger un petit doigt pour le climat. Sortir du capitalisme ? Ce n’est pas sur leur to-do-list non plus.

Concernant le dérèglement climatique, nous sommes en 2018 et rien n’a changé depuis 30 ans et la première alerte les seuls messages que nous recevons sur le sujet c’est de “trier nos déchets” et d’aller à la boulangerie à pieds plutôt qu’en voiture. Nous avions les mêmes consignes au début des années 2000. Taxer les entreprises polluantes ? Réduire drastiquement les emballages ? Réguler les voyages en avion ? Promouvoir le végéta*isme ? Non, ce n’est pas au programme. Rien ne bouge ou extrêmement lentement.

Pourquoi et que faire ?

Qu’est-ce qui intéresse les gouvernements néo-libéraux ? L’argent et le pouvoir.

Comment conjuguent-ils les deux ? En marchant main dans la main avec les entreprises et en se faisant élire prétendant défendre nos intérêts. Oui mais  justement : quels sont nos intérêts ? Nous demandons du travail et plus de pouvoir d’achat. Quel message renvoyons-nous aux entreprises et aux gouvernements ? Nous voulons consommer. Nous n’avons jamais possédé autant mais nous voulons plus. Pourquoi donc les gouvernements mèneraient-ils des politiques contraires aux (apparents) intérêts des citoyen.ne.s ?

Sans défendre les politiques (jamais de la vie), nous nous devons peut-être d’être plus cohérent.e.s. Nous ne pouvons pas demander que la planète soit sauvée et ne pas transformer radicalement notre rapport à la consommation.
Les entreprises les plus polluantes sont des entreprises que nous finançons !  

Sans parler des classiques entreprises pétrolières et énergétiques, prenons l’exemple d’Amazon. L’entreprise de commerce électronique a enregistré 43,7 milliards de dollars de chiffre d’affaires au cours du troisième trimestre 2017. Pour une firme qui base son existence sur le tout, tout de suite (peu importe l’empreinte carbone), dont les colis sont sur-emballés (et c’est sans même évoquer le traitement inhumain qu’elle réserve à ses employé.e.s mainte et mainte fois dénoncé), c’est jackpot. Pas étonnant que l’entreprise refuse de communiquer son bilan carbone.

Aujourd’hui, rares sont les personnes qui remettent en question la crise climatique mais rares sont celles aussi qui réalisent la gravité de cette dernière. Si vous pensez qu’on a le temps de se tourner les pouces en espérant que les gouvernements s’activent, vous vous trompez.

À défaut d’attendre que les gouvernements se préoccupent de la crise climatique, nous pouvons :

  • adopter un régime végétalien (et oui cela divise votre empreinte carbone par 2,5)
  • consommer vegan
  • privilégier les circuits courts
  • ne pas acheter en ligne
  • faire réparer ses objets plutôt que de les racheter
  • acheter ses vêtements en friperie
  • essayer de produire le moins de déchets possible
  • ne pas faire d’enfants
  • quitter EDF (pour celles et ceux qui en ont les moyens)
  • arrêter de prendre l’avion (il y a beaucoup de destinations accessibles autrement)

Bien sûr, ce n’est pas simple et c’est rageant d’agir et de se sentir seul.e. Rageant de voir les hommes et femmes politiques donner des leçons de vie quand elles/eux ont une empreinte carbone équivalent à un continent. Rageant de savoir que le système entier est pourri jusqu’à la moelle et qu’il n’y a pas moyen d’y remédier.  Vous pouvez donc choisir de vous mettre en colère sur les tweets de J. Attali et de regarder votre maison brûler. Dans moins de 50 ans, il y aura 250 millions de réfugié.e.s climatique à nos portes, et nous serons tou.te.s responsables.

Sources :

http://siliconvalley.blog.lemonde.fr/2016/08/13/avions-drones-bateaux-comment-amazon-veut-livrer-toujours-plus-vite/

https://www.humanite.fr/refugies-climatiques-la-crise-du-siecle-626101

https://www.nationalgeographic.fr/environnement/parle-du-changement-climatique-depuis-plus-de-30-ans-pourquoi-navons-nous-rien-fait

https://www.lsa-conso.fr/amazon-publie-un-chiffre-d-affaires-en-forte-hausse-au-troisieme-trimestre-2017,270477

https://www.viande.info/elevage-viande-gaz-effet-serre

https://www.lemonde.fr/planete/article/2013/09/13/gaz-a-effet-de-serre-les-firmes-les-plus-polluantes-n-ont-pas-reduit-leurs-emissions_3477323_3244.html

https://www.slate.fr/story/155642/rechauffement-climatique-surpopulation-enfants-parents

 

 

 

 

 

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