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STAR WARS : UN FILM NOVATEUR ASSEZ PEU ORIGINAL… [2]

Posté par Marie 19 juillet 2017

Un article de Kajitrim

(La partie 1 se trouve ici)

En 1949, Joseph Campbell publie The Hero With a Thousand Faces, essai visant à démontrer qu’un large panel de mythes ne sont que des variantes d’une seule et même histoire composée de 17 étapes. George Lucas dit, dans une interview pour le documentaire Empire of Dreams : The Story of the Star Wars Trilogy, que ce livre a été une source d’inspiration pour sa première trilogie : mais où se trouvent les traces de cette inspiration ?

Première phase : le départ

Monomythe, partie n°1 : Départ ; étape n°1 : l’appel à l’aventure. Campbell décrit la découverte d’un jeune héros (pour nous Luke Skywalker, joué par Mark Hamill) d’apparence normale, qui est appelé à l’aventure (le rébellion) par quelque chose ou quelqu’un (notre cher Obi-Wan Kenobi, alias Alec Guinness). Arrive la deuxième étape : le refus de cet appel. Luke Skywalker, conformément à la théorie de Campbell, refuse de se joindre à Obi-Wan, bien que celui-ci l’incite à sauver la Princesse Leia (Carrie Fisher) d’une mort certaine aux prises du Premier Empire Galactique. Son excuse ? Ses parents adoptifs, Owen et Beru Lars , pèteraient un câble (heureusement pour nous, ils se font ensuite cramer par des stormtroopers). Vient ensuite l’aide surnaturelle : un guide aux pouvoirs surhumains (encore cet Obi-Wan et sa Force !) propose son aide et offre un objet qui aidera le jeune héros tout au long de son voyage initiatique (ici, le sabre laser d’Anakin Skywalker). Notre jeune padawan traverse donc ce que Campbell appelle le « premier seuil ». Ce seuil, c’est le cercle familial des Lars ; Luke décide, après leur mort, de se joindre à son mentor et d’aller jusqu’à Mos Eisley. À Mos Eisley arrive la dernière étape du départ – le « ventre de la baleine » – au cours de laquelle Luke se sépare totalement du monde qu’il connaissait. Cela se produit lors de l’arrivée du jeune Skywalker dans la Cantina : il y est confronté avec la diversité et la violence de sa galaxie, qui lui était jusqu’alors totalement inconnue.

Les cheveux dans le vent, le jeune Luke contemple le peu d’originalité de sa propre aventure.

Deuxième phase : l’initiation

Dans la deuxième partie, nous voici ; au cœur des péripéties, nous allons. Les deux premières étapes de cette phase se mélangent dans la Saga : la route des épreuves et la rencontre avec la « déesse ». A partir du départ de Mos Eisley jusqu’au début de l’épisode VI, Luke Skywalker traverse de nombreuses épreuves ; certaines d’entre elles se montrent même trop difficiles pour lui (il a par exemple du mal à se défendre contre un grand bonhomme pourtant sévèrement handicapé…). Tout comme l’archétype proposé par Campbell, Luke se construit à travers ces épreuves, et celles-ci le mènent à l’accomplissement de sa quête ultime.

Il y a ensuite la rencontre avec la « déesse ». La « déesse » est en fait la femme que le héros rencontre et de laquelle il s’éprend… Que celle-ci soit une sœur ou non ! Arrive l’étape plutôt sexiste ou du moins fortement genrée : la femme tentatrice. Prenons le cas de The Empire Strikes Back (1980) : Luke – pourtant en entraînement auprès du maitre Yoda – est tenté de partir car il sent que Leia (sa sœur peut-être un peu trop bien-aimée) est en danger, la « déesse » l’entraîne donc dans le mauvais sens…

La relation Luke-Leia est elle plus sexiste qu’incestueuse? Vous avez 4 heures.

 

L’étape qui suit dans la saga n’est pas représentée sur l’écran, mais est perceptible tout au long de l’épisode VI : c’est l’apothéose. L’apothéose est le moment où le héros s’approprie une compréhension totale, le permettant ainsi à s’apprêter pour la partie la plus difficile de l’aventure. Luke gagne cette perception entre sa fuite de Cloud City et son arrivée au palais de Jabba au début de l’épisode VI, à travers son entraînement sur Dagobah avec Yoda (marionette activée par Frank Oz). Cette étape devrait se trouver plus bas, mais George Lucas en a décidé autrement et l’a décalée d’une place plus haut !

« Je suis ton père » ça vous dit quelque chose ? Et oui, le moment de la réparation avec le père – notre cher Darth Vade est arrivé . Dans Star Wars cette étape apparaît après l’apothéose, juste après le duel final entre Luke et Darth Vader : le premier, ayant vaincu son père, subit une attaque aux éclairs de Force de l’empereur Sheev Palpatine (joué par Ian McDarmid). « Master Luke » (comme le dirait notre petit C3PO chéri) est alors aux mains de son père ; un détachement total de son ego est nécessaire, et il doit faire confiance en la bonté de son papa (qui pourrait, mine de rien, le laisser crever ; ça serait bien plus simple). S’ensuit la dernière étape de l’initiation :  l’ultime aubaine . Cette aubaine n’est autre que l’accomplissement de la quête : Sheev Palpatine est tué et l’Empire détruit, mais il y a (pour une fois) une petite originalité : ce n’est pas le héros qui accomplit la quête mais le père, qui finalise ainsi sa réparation auprès de son fils.

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Ainsi, il est indéniable que George Lucas se soit fortement inspiré de la théorie de Campbell dans l’écriture de son scénario; il n’est cependant pas le seul, car beaucoup d’œuvres de fiction suivent ce schéma bien précis.. Sans que cela ne diminue pour autant leur qualité!

Ainsi s’achève la deuxième phase, et mon article, car la troisième – le Retour – sera traitée, je l’espère, lors de la nouvelle trilogie Disney. Je pourrais m’attarder sur le Réveil de la Force, mais il me semble plus sage de m’arrêter là !

 

Kajitrim.

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