Culture

Mes 5 Agatha Christie préférés

Posté par Ju le Zébu 12 mars 2024

Limiter à cinq le nombre de romans adorés d’Agatha Christie est une tâche d’une complexité draconienne ! J’ai le plaisir de ne pas avoir encore lu tous les romans de la Reine du Crime – Reine qui a été extrêmement prolifique puisqu’elle a écrit près de soixante-sept romans. Plaisir, en effet, car je prolonge ainsi le bonheur de la découverte à chaque nouvelle lecture. Choisir parmi ceux que j’ai déjà dévorés reste néanmoins une tâche compliquée. Vous autres, amateurs et amatrices, en conviendrez !

Dans ce périlleux exercice de sélection, plusieurs questions se posent : Poirot ? Marple ? Un roman dont ils ne sont ni l’un ni l’autre les enquêteurs ? Il faut reconnaître que le petit détective belge, ayant le plus d’aventures contées, sera évidemment dans le top 5. Mais là encore, les possibilités restent larges. Crime en Angleterre ? Crime à l’étranger ?

Voici mon top 5, péniblement établi, mais dont les lectures sont toujours source de beaucoup de plaisir :

1. Cinq petits cochons (Five Little Pigs), 1942
L’édition emblématique du Masque, en France.

C’est le caractère inhabituel de cette enquête d’Hercule Poirot qui en fait peut-être ma préférée. Inhabituelles, ses enquêtes le sont toujours, direz-vous. Le crime vient toujours perturbé l’ordre et le calme. Mais dans Cinq petits cochons, les petites cellules grises de Poirot doivent vraiment turbiner car l’enquête se déroule… dans le passé. Alors, non Poirot ne voyage pas dans le temps. Le petit homme a déjà bien assez la bougeotte – entre l’Égypte, la Turquie… – , n’allons pas en plus lui faire souffrir des voyages dans le passé et le futur ! Dans ce roman, Carla Lemarchant, de son vrai nom Caroline Craine, vient quérir le célèbre détective pour une affaire vieille de seize ans. Sur le point de se marier, la jeune femme veut mettre au clair les circonstances véritables de la mort de son père, Amyas Craine, un peintre qui avait un certain succès. C’est la femme de ce dernier, également nommée Caroline, qui a été accusée puis condamnée de son meurtre. Sa fille est persuadée de son innocence, envers et contre tous, et demande à Hercule Poirot de la prouver. Le petit Belge, qui, avouons-le, ne saurait dire non à une jeune fille charmante, et surtout, ne recule pas devant la difficulté, accepte. Pour se faire, il retourne sur les lieux du crime, qui ont bien changés, et rencontre les témoins et proches de l’affaire, sur qui le temps est également passé. Les principaux concernés sont au nombre de cinq, ce qui rappelle à Poirot une comptine anglaise « This little piggy », dont chacun des vers décrit un cochon ou dans l’esprit de Poirot… un suspect !

2. Le Vallon (The Hollow), 1946
Version en langue originale. On retrouve systématiquement sur les couvertures des éléments de l’enquête, un peu comme dans un Cluedo!

Il s’agit là d’une enquête déconcertante pour les cellules grises d’Hercule Poirot. John Christow, un honorable médecin, est retrouvé assassiné au bord de la piscine de la résidence « Le vallon ». Sa femme, Gerda, se tient à ses côtés, le regard perdu, tenant à la main l’arme du crime, un revolver. L’ensemble du roman balance entre une apparente simplicité et une grande complexité — des personnages notamment. L’une des raisons pour laquelle ce roman est l’un de mes favoris est aussi le discours sur l’art, discrètement introduit avec le personnage de Henrietta. Sculptrice, nous la suivons à plusieurs reprises dans son atelier, où se cache par ailleurs un élément central de l’enquête. Dans ce roman, Agatha Christie souligne également la complexité et l’intensité que peut avoir le sentiment amoureux. Autrice d’un certain nombre de romans sentimentaux – sous pseudonyme –, les enquêteurs de Christie, qu’il s’agisse de Poirot ou Marple, sont toujours un peu fleur bleue. Ici, il s’agit pourtant moins de romance que d’un amour profond, sans jalousie passionnée, qui complique les avancements de Poirot.

3.Le crime de l’Orient-Express (The Murder on the Orient Express), 1934
Edition du Masque.

Il est difficile, voire impossible, de passer à côté du Crime de l’Orient-Express. Roman à immense succès, il a été adapté à de multiples reprises au cinéma jusque très récemment encore (en 2017 par Kenneth Branagh). Alors que Poirot prend l’Orient-Express au départ d’Istanbul pour se rendre en urgence à Londres, un autre passager, Mr Ratchett est assassiné pendant que le train est à l’arrêt dans une tempête de neige. Le criminel ou la criminelle est nécessairement à bord. Un huis clos classique direz-vous. Pourtant, ce roman fait exception dans l’ensemble des enquêtes du détective Belge. En effet, s’il y a bien une chose que l’on apprend des romans d’Agatha Christie, c’est que le crime est souvent commis dans un cadre plutôt ordinaire ou familier, pour des raisons très terrestres et le plus souvent pécuniaires. Hors, dans le Crime de l’Orient-Express, tout, le cadre, le motif et la méthode du meurtre sont extraordinaires, voire spectaculaires. Et voilà, je crains d’en avoir déjà trop dit !

4. Le Flux et le Reflux (Taken at the Flood), 1948
J’ai choisi cette couverture pour son interprétation et représentation moderne du crime. Le choix de la grenade fait bien référence à la guerre et aux bombardements.

Ce roman a pour cadre l’Angleterre d’après-guerre dans la campagne. La famille Cloade n’apprécie pas la jeune veuve de feu leur oncle ou frère. Ce dernier très riche, veillait et promettait de toujours subvenir aux besoins (ou désirs) de tous le membres de sa famille. Hors, le vieil homme se marie pendant la guerre, puis meurt dans un bombardement sans laisser de testament. Sa jeune épouse, qui lui survit, hérite alors de tout, au grand dam du reste des Cloade. La place de cette jeune veuve est très précaire dans la famille, d’autant plus que son frère, qui la suit partout, leur est très antipathique. J’apprécie beaucoup dans ce récit les tensions dessinées par la fin de la guerre. Le personnage de Lynn Cloade incarne particulièrement bien cette problématique. Alors qu’elle a été mobilisée dans les services navals, le retour à la normale est complexe. Après avoir parcouru le monde, elle est en décalage avec cette campagne immobile et son fiancé, Rowley, qui n’en a pas bougé.

5. À l’hôtel Bertram (At Bertram’s Hotel), 1965
Bien que cette couverture soit un peu vieillie, j’aime assez la représentation de la vieille façade, fort respectable, mais cette main féminine donne déjà trop d’indices !

Voici l’un des premiers Agatha Christie que j’ai lu. J’ai en effet commencé en ne lisant presque que les enquêtes de la paisible mais non moins perspicace Miss Marple. J’étais particulièrement touchée par son humilité. Il me semble que « sa connaissance de la nature humaine », basée sur ses observations de son village St Mary’s Mead, vaut bien celle du globe-trotter Poirot. Bien qu’étant très vive d’esprit, Miss Marple n’en est pas moins une dame d’un certain âge. Dans ce roman, son neveu propose de lui offrir les vacances de son choix. Mais alors que lui pense à une croisière ou au sud de la France, sa tante lui déclare vouloir se rendre quelques jours à l’hôtel Bertram, à Londres, où elle se rendait durant sa jeunesse. Établissement fort recommandable, il incarne une Angleterre victorienne dépassée. En s’y rendant, la vieille dame réalise un petit voyage dans le temps. Mais notre enquêtrice, partout où elle va, remarque des indices du crime et à peine est-elle arrivée qu’un chanoine disparaît, un portier est tué… Les murs de l’hôtel Bertram cachent pour le moins des choses étranges…

Cette liste non exhaustive est terminée (et a laissé mes cellules grises en tourmente!). Et vous, parviendriez-vous à choisir vos cinq romans préférés ?

Laisser un commentaire

À lire