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Lettre à mes bourrelets

Posté par Loupche 16 février 2019

Mes chers bourrelets, 

Vous êtes nombreux à enrober mon corps, de différentes manières, et plus ou moins selon les jours. J’essaie de vous aimer tous de la même façon, mais j’ai encore du travail à faire pour ne pas vous détester, surtout toi petit bourrelet sous le menton. Mes chères poignées d’amour, vous êtes mes bourrelets préférés, vous avez toujours été là, dans le bonheur comme dans l’adversité, à me soutenir et me réconforter. Et puis, vous avez un statut particulier, les gens vous aiment bien, « pour ouvrir les portes du bonheur, faut bien des poignées d’amour » qu’ils ont dit à la radio. Et vous, mes deux bourrelets dans le dos, parfois vous disparaissez pendant quelques mois et revenez sans prévenir, ce n’est pas très poli. Et puis les gens ne vous aiment pas, apparemment vous seriez le signe que je commence à être vraiment trop grosse. 

Sur mes fesses et mes cuisses, je ne sais pas trop si c’est vous qui dominez, mes petits bourrelets, ou si c’est la cellulite qui règne sur la partie inférieure de mon corps. Bon, elle a toujours été là hein, on s’apprécie bien toutes les deux, elle a un côté ambitieux et combattant que je respecte. Mais vous, mes petits bourrelets, vous êtes tout mous, tout moelleux, tout doux. Je vous aime bien, mais je me dis que vous êtes trop mous quoi. Et puis, autour de moi, j’ai l’impression que tout le monde vous aime par défaut, que bon, oui, vous m’allez bien mais qu’en vérité je me porterais mieux sans vous. C’est vrai que, sans vous, je serais moins essoufflée quand je monte les escaliers. Et je culpabiliserais moins de manger une pâtisserie assise sur un banc public (parce que quand t’es grosse, tu devrais manger moins de pâtisseries, ou le faire en cachette). 

Mes bourrelets chéris, je vous promets que j’essaie d’accepter votre présence sur mon corps, à tous. Je fais beaucoup d’efforts pour ne pas faire semblant de vous aimer et vous laisser prendre votre place. Oui, même toi, petit bourrelet sous le menton, j’ai envie que tu sois bien là, et que je te laisse libre de choisir si tu veux rester ou partir. Mais la vérité, c’est que j’ai trop souvent envie que vous disparaissiez. J’ai envie de pouvoir rentrer dans un jean sans faire une liposuccion, j’ai envie que la balance arrête d’afficher 70kgs et affiche plutôt 58kgs, mon poids idéal selon l’IMC, vous voyez ? 

Je sais que ce n’est pas de votre faute, vous n’avez rien fait de mal. Selon la télé, c’est moi qui m’occupe mal de vous. Je mange trop, je ne fais pas assez de sport, et puis je manque de volonté pour maigrir et vous faire disparaître surtout. Si j’achetais des sucettes coupe-faim, un abonnement WeightWatchers et un autre à la salle de sport, tout serait réglé. Enfin, ça je sais que ce n’est pas vrai, mais j’ai toujours une petite voix qui me dit que c’est la solution, de m’affamer, et de payer pour. 

Mes petits bourrelets adorés, je ne vais pas vous faire porter le poids d’un trouble du comportement alimentaire. Ça, ça pèse bien plus lourd que vous, et l’enfant bouboule que j’étais a eu bien de la chance d’y échapper au collège et au lycée. Alors, c’est promis, je n’achèterai jamais de thé amaigrissant, et je ne suivrai pas le régime des mannequins de Victoria Secret, même si je sens les injonctions à le faire partout autour de moi. Je vous laisserai être mous, doux, confortables, agréables au toucher. En somme, je vous laisserai exister. Je vais faire tout mon possible pour ne pas vous éradiquer bêtement à coup de séances de cardio et autres régimes sans glucides. Non, je vais vous aimer vraiment, comme une partie de moi, pas une excroissance indésirable. 

Mes chers bourrelets, je vous écris cette lettre comme un engagement. Un engagement que je prends de vous aimer, vous accepter, et de ne pas vous en vouloir de rester. Vous me tenez chaud en hiver et vous me donnez des airs de bombe latine en été. Vous êtes un bout de mon corps, une partie de ma féminité et un morceau de mes valeurs. Je vais bien vous traiter, je vais même vous hydrater avec une lotion bio. Et j’espère que tous vos amis bourrelets, partout dans le monde, seront aussi bien traités que vous. 

1 Commentaire

Annie Sullin 15 avril 2019 at 11 h 17 min

<3

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