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La construction de l’amour parfait dans How I Met Your Mother – première partie

Posté par Nathanael 16 juillet 2020

English version below!

Quid de l’amour parfait dans les comédies romantiques ?

Pourquoi considérer comment l’amour « parfait » est construit dans une comédie romantique, me direz-vous ? Quel intérêt ? Les réalisateurs de How I Met Your Mother, ou de n’importe quelle série, d’ailleurs, ont un pouvoir démiurge. Ils peuvent choisir absolument tout ! Ce que nous voyons a été minutieusement sélectionné, ces détails précis ont été jugés importants, dans cet ordre précis. Ces scènes, ce dialogue, ces mots, cette formulation… Le tout pour faire passer le message qui importe aux réalisateurs.

Et si ces séries ont tant de succès, c’est parce qu’elles parviennent non pas seulement à nous divertir, mais également à nous toucher. Nous nous identifions, nous souhaitons pour eux une résolution aux tensions de la vie des personnages qui nous importent, et nous apprenons d’eux en même temps. Nous nous distancions d’eux lorsqu’illes agissent de manière répréhensible, mais nous inspirons d’elleux en d’autres occasions – lorsque ces personnages sont idéalisés.

Nous incorporons directement ces préceptes qui n’ont pas grand-chose à voir, au final, avec la tangible réalité et sa complexité déboussolante. Nous nous jugeons, ainsi que les autres, au boisseau de cette norme inatteignable. Réfléchir ce qui constitue cette norme, à la manière dont elle est construite, donc, nous permet de réaliser les aspects oppressifs, et de retenir les préceptes qui ont survécu à un examen plus minutieux.

Tracy, la seule, l’Unique.

L’amour parfait, dans How I Met Your Mother, c’est Tracy. Oui, certes, Ted a des histoires qui sont prometteuses, avec Victoria ou Robin ou Stella, mais il est clair que ces histoires sont, bien que fondamentalement transformatrices, destinées à se terminer. Il y a une inadéquation qui ne se laisse pas écarter. Avec Robin, c’est la question des enfants pour Ted, et de la carrière pour Robin. Avec Victoria, c’est Robin, et les sentiments que Ted a encore pour elle. Avec Stella, c’est son ex-copain de qui elle est toujours amoureuse.

Aucune de ses autres partenaires ne peut se mesurer à Tracy. La preuve, c’est la phénoménale quantité d’effort que Ted investit dans sa vie sentimentale. Il a essayé, tant et tant. Il a tout donné, il est désespéré, il a vécu tant d’expériences, avec des personnes si douteuses (si si, Jeannette la flic folle-dingue ou Blabla la designeuse égocentrique)… Tracy est donc la bonne – mais c’est un euphémisme. C’est cathartique : Elle ne pourrait pas être meilleure ! C’est LA bonne, The Best, l’unique, celle de toute une vie, ou même par-delà réincarnations !

Le terreau de l’amour : une adéquation absolue

C’est d’ailleurs comme ça qu’on nous l’amène. Tout au long des saisons, on nous distille des faits sur Tracy qui confirment son adéquation extraordinaire avec Ted. Un exemple caractéristique : S5E12, Ted a une date avec Cindy, alors la coloc de Tracy. Il tente de la convaincre qu’illes sont fait.e l’un.e pour l’autre, en choisissant trois objets qui exemplifient les qualités idéales de sa partenaire – ces objets sont tous connectés avec Tracy plutôt que Cindy…

Ted et Tracy sont si parfait l’un pour l’autre qu’ils partagent sans le savoir des comportements qui semblent bizarres à tous les autres, comme l’amour de la calligraphie, des pièces rares ou des mots croisés du New York Times ; voire même exaspèrent tous sauf eux deux, comme les détours de plusieurs heures et les anecdotes interminables lors des trajets en voiture (road trips), ou bien les gants en cuir dans le compartiment à gant, ou encore la prononciation du mot « renaissance »… Tracy rit aux blagues pourries de Ted (sur le shellfish par exemple) ; ils partagent les mêmes goûts musicaux ou littéraires, et elle joue de la basse dans un groupe de reggae – elle remplit donc les cases, une à une, de la femme Parfaite, l’Unique.

Tracy complémente le groupe d’ami.e.s

Cette adéquation, saupoudrée tout au long de la série alors que les spectateurs.trices ne connaissent pas encore l’identité de la Mère, constitue le terreau fertile de leur compatibilité hors-pair. Mais il y a bien plus que ça. Le caractère adorable de Tracy sticks out dans ses interactions avec les autres membres du gang. Ses ami.e.s la rencontre l’un après l’autre, et ils l’adorent directement. Et pour cause : elle transforme chacune de leurs vies, mais sans en avoir jamais vraiment l’intention, juste parce que c’est son charactère. Elle nous semble donc d’emblée adorable, sympathique, ouverte d’esprit, attentionnée, empathique, authentique… Le respect et l’amitié qui se créé entre Tracy et les ami.e.s de Ted légitime encore plus son statut de partenaire idéal pour Ted.

La première personne, chronologiquement, dont elle fait la connaissance, c’est Barney. Il accomplit toute une série de challenges que Lily et Robin lui donne, se distrayant ainsi inconsciemment de son mal-être. En effet, Tracy aide Barney à se rendre compte qu’il est toujours amoureux de Robin ; mais également que ça va lui prendre toute son énergie de lui demander sa main. Sa sympathie vient du fait que Barney tente de la séduire dans une tentative désastreuse, et elle voit plus loin que cet étalage honteux : elle voit sa détresse, « son âme », lui offre même un câlin…

Ensuite, elle rencontre Lily. Elle est dans le train pour se rendre au mariage de Barney et Robin, puisqu’elle fait partie du groupe de musique. Elle y rencontre une Lily stressée, à qui son mari et son bébé manque, et lui offre des cookies, spontanément, accompagnés d’une blague et du réconfort d’un câlin.

Peu après, Lily découvre que Marshall a trahi sa confiance et a accepté le poste de juge alors que la petite famille était sensée déménager à Rome pour le nouveau travail de Lily. Parallèlement, cette dernière vient à la rescousse de Tracy, qui se fait lentement évincer du groupe qu’elle a elle-même créée par le chanteur, Derrick. Elle vole le van de ce dernier (ou l’emprunte, parce qu’elle est trop gentille pour le voler), et va faire un tour avec. Sur le chemin, elle rencontre Marshall, qui se rend à pied, avec Marvin, son bébé, à l’auberge où aura lieu le mariage.

Même schéma : elle se révèle à la fois généreuse, proposant aux deux de les y conduire, mais aussi drôle, en faisant croire qu’elle possède des pouvoirs surhumains alors qu’elle a juste reconnu les deux comme étant la famille de Lily, de qui elle a obtenu des informations. Elle explique son conflit avec le chanteur, se montrant vulnérable, et pleine d’empathie, en commentant sur la conversation difficile à laquelle Marshall devra faire face en retrouvant Lily.

La situation conflictuelle avec le chanteur de son groupe se résout par l’intermédiaire de Ted, alors que Derrick détruit la troisième bouteille de 500$ de scotch sur laquelle Ted met la main pendant le week-end. Ted, furieux, lui décoche un crochet du droit qui le précipite au sol. Blessé, humilié, il s’éloigne du groupe d’ami.e.s en se tenant la joue, et croise sur son chemin Tracy, qui rit de son malheur. Derrick, exaspéré, déclare quitter le groupe et s’en va. Entendant que le témoin, Ted, est à l’origine de sa bonne fortune, elle lui paye un verre par l’intermédiaire du serveur.

Tracy l’idéale

Nous en apprenons plus sur Tracy lors de l’épisode « How your mother met me », qui est inversé – Tracy en est le personnage principal. On découvre alors qu’elle a été parfaitement heureux avec Max, son ex, qui est subitement décédé… Elle est restée célibataire, conservant ainsi son ‘honneur’ aux yeux d’une société patriarcale, ou bien faisant la décision mature de prendre son temps pour elle, au choix. Toujours est-il qu’éventuellement, elle finit à nouveau par trouver un « nice guy », Louis, un mec sympa, mais avec qui le courant ne passe pas extraordinairement. Ce n’est pas lui, le bon. Et elle s’en rend compte éventuellement, lorsqu’il la demande en mariage. Elle partage une conversation intime avec l’esprit de Max, s’autorisant d’une part à être heureuse à nouveau, d’autre part à se rendre compte que ce bonheur n’arrivera pas avec Louis…

Le bonheur cathartique, et une résolution moralement correcte

Tout au long de la dernière saison, des scènes issues du futur nous informent du bonheur de Ted et Tracy. Le romantisme y est chez soi, tout se passe bien pour eux, illes ont deux enfants… Jusqu’à ce qu’on apprenne que Tracy est atteinte d’une maladie incurable, et meurt des suites de cette maladie, après dix ans de relation commune. Le couple a vécu tout ce qu’il devait vivre : une scène les dévoile, tentant désespérément de trouver des histoires qu’illes n’auraient pas déjà partager avec l’autre, en vain ; une autre les montre au sommet de la vague à succès ; une autre alors que le second enfant va bientôt accoucher… Ted prend également compagnie et soin de Tracy alors qu’elle est à l’hôpital.

Cette fin illustre le bonheur que les deux ont pu partager, tout en y mettant fin. La mort de Tracy a pour fonction de libérer Ted et le transfigurer en charactère absolument moral. Il a rencontré l’amour, le vrai. Il a pris des décisions peu morales, certes, mais ça c’était avant. Avant le vrai amour, le grand amour, celui avec lequel on ne plaisante pas ! Il faut donc qu’elle meurt, puis qu’il fasse le deuil pendant six années, puis qu’il raconte toute l’histoire de son amour pour Robin pour que ses enfants, maintenant jeunes adultes, le libèrent de sa culpabilité et l’encourage à tendre la main à Robin à nouveau.

Robin, son obsession de toujours, qu’il poursuit depuis 9 saisons ! Rappelons-nous, une relation entre les deux n’était pas envisageable à long terme, parce que Robin avait besoin de voyager au gré de son métier de reporter, et Ted voulait avoir des enfants, au contraire de Robin. Par conséquent, le seul moyen pour lui d’être enfin avec Robin est qu’il ait une relation absolument incroyable avec la femme de sa vie, qu’il fasse des enfants avec elle, et qu’ensuite elle meure tragiquement d’une maladie incurable. Rien ne peut la sauver, il l’accompagne jusqu’à sa mort, puis il la pleure pendant des années. Enfin, il leur raconte cette folle longue histoire sur le béguin qu’il a pour Robin pendant 9 saisons, pour qu’illes réalisent qu’illes doivent l’aider à aller de l’avant, en lui donnant leur consentement de cette façon. Cela semble authentique parce qu’il ne leur demande même pas. Les enfants réalisent par eux-mêmes et illes doivent convaincre Ted de parler à Robin.

Toute autre voie aurait rendu cette décision moins acceptable moralement. S’il leur avait raconté l’histoire dans l’intention de les manipuler pour qu’illes l’encouragent, ou s’il était passé à autre chose immédiatement après la mort de la mère, ou s’il leur avait simplement dit qu’il avait le béguin pour Robin (ce qui aurait été un euphémisme, soit dit en passant), alors l’histoire n’aurait pas été aussi « juste », aussi « appropriée », aussi satisfaisante moralement. On peut ne pas aimer la fin – c’est une question de préférence personnelle. Mais la fin est soigneusement orchestrée, de sorte que le retour de Ted à Robin, malgré son processus de deuil, la rende si « juste » pour lui, et satisfasse tous ses besoins. Il a eu des enfants, une partenaire extraordinaire pour les élever, et maintenant il peut enfin boucler la boucle, et revenir à l’éternel béguin de sa vie.

Et alors, l’amour parfait ?

Qu’avons-nous donc appris de l’amour parfait ? Une adéquation surhumaine des goûts entre Ted et Tracy ; Tracy nous est présentée comme idéale : empathique, drôle, attentive, sensible, attachante, avec des projets grandioses – mais rendue humaine par un brin de vulnérabilité. Voilà, enfin, qui est la Mère. C’est elle, cette personne parfaite, qui correspond névrotiquement aux désirs de Ted, à ce qu’il s’est toujours représenté.

Peut-être est-ce parce que l’histoire est racontée du point de vue de Ted, mais la mère est complètement façonnée le long de désirs masculins. Ses goûts sont en accord avec ceux de Ted ; sa mort est orchestrée de façon à lui permettre de conserver une moralité alors qu’il retourne vers Robin, enfin.

English version!

The construction of perfect love in How I Met Your Mother – part 1

What about perfect love in romantic comedies?

Why consider how « perfect » love is constructed in a romantic comedy, you might ask? What’s the point? The directors of How I Met Your Mother, or any series, for that matter, have a demiurge power. They can choose absolutely anything! What we see has been carefully selected, these precise details have been deemed important, in this precise order. These scenes, this dialogue, these words, this formulation… All to get the message across that matters to the directors.

And if these series are so successful, it’s because they not only entertain us, but also touch us. We identify with the characters, we wish them a resolution to the tensions in their lives, and we learn from them at the same time. We distance ourselves from them when they act reprehensibly, but we draw inspiration from them on other occasions – when these characters are idealized.

We directly incorporate these precepts, which have little to do, in the end, with tangible reality and its disconcerting complexity. We judge ourselves and others by the cup of this unattainable standard. Reflecting on what constitutes this norm, on how it is constructed, therefore, allows us to realize the oppressive aspects, and to retain the precepts that have survived closer scrutiny.

Tracy, the One, the Only

The perfect love in How I Met Your Mother is Tracy. Yes, yes, Ted has stories that are promising, with Victoria or Robin or Stella, but it is clear that these stories are, although fundamentally transformative, destined to end. There’s a mismatch that can’t be ignored. With Robin, it is the question of children for Ted, and career for Robin. With Victoria, it is Robin, and the feelings Ted still has for her. With Stella, this is her ex-boyfriend that she is still in love with.

None of her other partners can compete with Tracy. The strongest proof is the phenomenal amount of effort Ted invests in his love life. He has tried so hard. He’s given it all he’s got, is desperate, has had so many experiences, with such dubious people (yes, Jeannette the crazy cop or Blabla the self-centred designer)… Tracy is the one – but this is an understatement. It’s cathartic: She couldn’t be better! She’s THE one, The Best, the only one, the one of a lifetime, or even beyond reincarnations!

The fertile ground of love for an absolute matc

In fact, this is how she is introduced to us. Throughout the seasons, we are distilled facts about Tracy that confirm her extraordinary match with Ted. A typical example: S5E12, Ted has a date with Cindy, then Tracy’s roommate. He tries to convince her that they are made for each other, by choosing three objects that exemplify his partner’s ideal qualities – all of which are connected with Tracy rather than Cindy…

Ted and Tracy are so perfect for each other that they unknowingly share behaviors that seem odd to everyone else, such as a love of calligraphy, rare coins or a passion for the New York Times crossword puzzle; or even exasperate all but the two of them, such as the several hours of detours and endless anecdotes during road trips, or the leather gloves in the glove compartment, or the pronunciation of the word « Renaissance »… Tracy laughs at Ted’s dad jokes (about the shellfish for example); they share the same musical or literary tastes, and she plays bass in a reggae band – so she fills in the boxes, one by one, of the Perfect Woman, the One.

Tracy complements the group of friends

This compatibility, sprinkled throughout the series while the spectators do not yet know the identity of the Mother, is the fertile ground for their unparalleled harmony. But there is much more to it than that. Tracy becomes adorable through her interactions with the other gang members. Her friends meet her one after the other, and she transforms each of their lives, without never really intending to. It is just her character. She appears from the outset genuinely adorable, sympathetic, open-minded, caring, empathetic… The respect and friendship that is created between Tracy and Ted’s friends further legitimizes her status as Ted’s ideal partner.

The first person she meets, chronologically, is Barney. He accomplishes a whole series of challenges that Lily and Robin give him, subconsciously distracting himself from his inner turmoil. Tracy helps Barney to realize that he is still in love with Robin; but also that it will take all his energy to propose to her. Her sympathy comes from the fact that Barney tries to seduce her in a disastrous attempt, and she sees further than this shameful display: she sees his distress, « his soul », even offers him a hug…

Then she meets Lily. Both of them are on the train to Barney and Robin’s wedding. There Tracy addresses a stressed Lily, who misses her husband and her baby, and offers her cookies, spontaneously, accompanied by a joke and the comfort of a hug.

Soon after, Lily discovers that Marshall betrayed her trust and accepted the judgeship when the family was supposed to move to Rome for Lily’s new job. At the same time, Lily comes to Tracy’s rescue as she is slowly being evicted from the band she has created herself by the singer, Derrick. She steals his van (or borrows it, because she’s too nice to steal it), and goes for a ride in it. On the way, she meets Marshall, who walks with Marvin, her baby, to the Farhampton Inn, where the wedding will take place.

Same pattern: she proves to be both generous, offering them a ride, but also funny, pretending to possess superhuman powers when she just recognized both of them as Lily’s family, from whom she got information. She explains her conflict with the singer, showing vulnerability, and empathy, by commenting on the difficult conversation Marshall will face in finding Lily.

The conflict situation with the singer of her band is resolved through Ted, as Derrick destroys the third $600 bottle of scotch that Ted gets his hands on during the weekend. Ted, furious, shoots a right hook that knocks him to the ground. Wounded, humiliated, he walks away from the group of friends holding his cheek, and encounters Tracy, who laughs at his misfortune. Derrick, exasperated, declares leaving the group and leaves. Hearing that the best man, Ted, is the source of her good fortune, she buys him a drink through the waiter.

Ideal Tracy

We learn more about Tracy in the episode « How your mother met me », which is reversed – Tracy is the main character. We discover that she was perfectly happy with Max, who suddenly passed away… She remained single, keeping her ‘honour’ in the eyes of a patriarchal society, or making the mature decision to take her time for herself, as you wish. Anyway, eventually, she ends up finding a « nice guy » again, Louis, but with whom the chemistry is not that great. He is not the right guy. And she eventually realizes this when he asks her to marry him. She shares an intimate conversation with Max’s spirit, allowing herself on the one hand to be happy again, and on the other hand to realize that this happiness will not happen with Louis

Cathartic happiness, and a morally correct resolution

Throughout the last season, flashforwards inform us of Ted and Tracy’s happiness. Romanticism is at home there, everything goes well for them, they have two children… Until we learn that Tracy is suffering from an incurable disease, and dies from it, ten years into their relationship. The couple has gone through everything they had to go through: one scene reveals them, desperately trying to find stories that they wouldn’t have shared with each other already, in vain; another shows them at the top of the success wave; another as the second child is about to give birth… Ted also takes care of Tracy while she is in the hospital.

This ending illustrates the happiness that the two have shared. However, Tracy’s death has the function of freeing Ted and transfiguring him into an absolutely moral character. He met love, the real thing. He made unethical decisions, yes, but that was before. Before true love, the kind you don’t mess with. But for the directors, planning to end the series with Ted coming back to Robin, his never-ending love, it is necessary that Tracy dies, that Ted mourns six years long, then tells the entire history of his love for Robin so his children, now young adults, can free him from his guilt and encourage him to reach out to Robin again.

Robin, his lifelong obsession, which he has been chasing for nine seasons! Let us remember, a relation between the two was not conceivable in the long run, because Robin needed to travel according to his job of reporter, and Ted wanted to have children, contrary to Robin. Consequently, the only morally correct way for him to be finally with Robin is to have an absolutely incredible relationship with the woman of his dreams, to have children with her, before she dies tragically of an incurable disease. Nothing can save her, he accompanies her until her death, and then he mourns her for years. Finally, he tells his children this insanely long story about the crush he has on Robin for 9 seasons, so that they realize that they must help him to move forward, giving their consent. It seems genuine because he doesn’t even ask them. The kids realize it on their own and they have to convince Ted to talk to Robin.

Any other way would have made this decision less morally acceptable. If he had told them the story with the intention of manipulating them into encouraging him, or if he had moved on immediately after the mother’s death, or if he had simply told them that he had a crush on Robin (which would have been an understatement, by the way), then the story would not have been as « fair », as « appropriate », as morally satisfying. One may not like the ending – it’s a matter of personal preference. But it is nevertheless carefully orchestrated, so that Ted’s return to Robin is « right ». He had children, an extraordinary partner to raise them, and now he can finally close the loop, and return to the eternal crush of his life

So what about perfect love?

So what have we learned about perfect love? A superhuman match of tastes between Ted and Tracy; Tracy is presented to us as ideal: empathetic, funny, attentive, sensitive, endearing, with grandiose plans – but made human by a touch of vulnerability. That, at last, is who the Mother is. It is she, this perfect person, who corresponds neurotically to Ted’s desires, to what he has always imagined himself to have.

Maybe it is because the story is told from Ted’s point of view, but the Mother is completely shaped along male desires. Her tastes are in line with Ted’s; her death is orchestrated to allow him to maintain morality as he returns to Robin at last.

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