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La cigarette, l’envie d’arrêter et moi

Posté par Maxima 30 janvier 2020

Un article rédigé par Manon Eauney

En 6ème, j’ai pris ma première taffe avec une copine ; en 3ème, on se retrouvait avec des amies pour fumer des Pink Elephant et des Black Devils (des cigarettes aromatisées de couleurs rose et noire) ; en 2nde, j’étais fumeuse régulière ; en post-bac, la cigarette faisait partie de mon identité. Quelques années plus tard, je cumule les tentatives d’arrêt… avec des hauts et des bas.

Je vous livre ici des conseils pour questionner votre rapport au tabac et pourquoi pas, arrêter de fumer. Cet article est un témoignage et les réflexions qu’il contient n’engage que moi. Vos ressentis peuvent être différents, car notre rapport au tabagisme l’est forcément.

Pourquoi je fume ?

J’ai commencé par me poser une question simple : Pourquoi je fume ? Les raisons me paraissaient évidentes : parce que j’aime ça, j’aime le goût du tabac, parce que c’est une habitude… Mais plus je cherchais des solutions pour arrêter de fumer, plus je questionnais ma consommation, et plus quelque chose sonnait faux dans les arguments que j’avançais. Voici 3 choses qui m’ont aidé à y voir plus clair.

1# Le fonctionnement de l’addiction

Après de multiples essais d’arrêt du tabac, j’ai découvert le livre « La méthode simple pour en finir avec la cigarette » de Allen Carr. Les notes sur Amazon étaient excellentes (une moyenne de 4,4/5 sur presque 1 000 notes) donc je me suis lancée.

A l’époque, en 2ème année post-bac, j’étais à mon « tabagisme » maximum : environ 15 cigarettes roulées par jour, plus une consommation « illimitée » en soirées (je faisais partie des personnes à qui l’on disait : « eh, tu fumes comme un pompier ! »). Et puis un jour, j’ai lu le livre d’Allen Carr et je suis devenu non-fumeuse. Du pompier à la non-fumeuse, mes ami.e.s n’en revenaient pas : un véritable miracle ! A part une ou deux soirées difficiles, attablée avec un groupe de fumeurs.euses, je n’ai presque jamais ressenti le manque. Ma colocataire de l’époque pouvait même fumer à l’intérieur, à côté de moi, sans que cela ne me donne envie : une configuration inimaginable avant la lecture de ce livre.

L’histoire pourrait finir ici, mais j’ai malheureusement recommencé à fumer 1 an plus tard, très très bêtement. Lors d’une soirée, j’ai oublié l’une des règles fondamentales de cette méthode : ne plus jamais fumer une seule taffe. Et j’ai replongé.

(On reproche souvent à ce livre de faire un « lavage de cerveau » car l’auteur use de répétition, et je suis d’accord avec cette critique. Dans mon cas, cela ne m’a pas dérangé.)

2# De coupable à victime

Après la lecture du livre et mon année d’arrêt, j’ai changé mon regard sur la cigarette et sur ses mécanismes addictifs. J’ai alors commencé une période de tabagisme irrégulier pendant 2 ans : je pouvais fumer uniquement en soirée pendant 3 mois, puis fumer quotidiennement et en journée pendant 4 mois, puis ne plus fumer qu’en soirée, etc.

Pendant ces années, j’ai suivi des études de communication et j’ai fréquenté le milieu de la prévention et de la réduction des risques. C’est grâce à ces expériences que j’ai pris conscience d’une chose fondamentale dans mon rapport au tabac : j’avais été manipulée.

Je m’étais toujours considéré coupable d’avoir commencé, coupable de ne pas réussir à arrêter… En remettant les choses à leur place et en prenant du recul, je ne pouvais pas m’en vouloir : à 14 ans, comme tous les jeunes, j’étais vulnérable et c’est ce qui à fait de moi une cible marketing de choix pour les industriels du tabac. Les cigarettes colorées et aromatisées, avec lesquelles j’ai commencé à fumer, avaient été conçues pour moi. Des professionnel.le.s de la communication avaient été rémunérés pour réfléchir à comment me faire consommer leur produit. Cette mise en perspective remet aussi en question la notion de liberté que l’on associe à la cigarette : « je fume, c’est mon choix, mon droit ». Je ne considère pas être libre dans ma consommation et je ne pense pas l’avoir déjà été.

Pour comprendre sa dépendance, il est très intéressant d’analyser l’industrie du tabac : son influence, ses techniques marketing et communicationnelles, les mythes qui lui sont attribués… Si le livre d’Allen Carr est une très bonne base, vous pouvez compléter vos connaissances avec des supports vidéos comme le documentaire de Cash Investigation : « Industrie du tabac, la grande manipulation », disponible gratuitement sur Youtube.

Cette révélation a été très constructive dans mon cheminement vers l’arrêt du tabac. J’ai arrêté de me voir comme la coupable de mon addiction, j’en suis devenu la victime. Je ne vois plus la cigarette comme mon amie, l’amie qui nous fait du mal, mais qu’on aime bien quand même, que notre entourage nous déconseille de voir, mais qu’on a plaisir à retrouver. Elle était maintenant mon bourreau. Ce rapport que j’ai avec la cigarette est néanmoins très personnel et j’entends que cela n’aide pas tout le monde de se sentir « victime ».

3# Et si je n’avais pas vraiment envie d’arrêter ?

Pendant les années 2018 et 2019, ma consommation s’est stabilisée : je ne fumais qu’en soirée ou lors de moment « conviviaux ». J’essayais d’arrêter en me répétant avant chaque soirée : ce soir, c’est la bonne ! Et je taxais dès la première heure. J’ai essayé de relire le livre d’Allen Carr, mais impossible de m’y remettre. J’ai alors décidé de téléphoner à « Tabac info service » qui propose des rendez-vous téléphoniques avec des tabacologues (pour prendre rendez-vous c’est au 39 89). Ces consultations sont gratuites, il serait dommage de s’en priver !

Lors du premier rendez-vous, j’ai eu droit à quelques conseils basiques comme : en soirée, lors ce que vous avez envie de fumer, changez de pièce, allez aux toilettes, bref, concentrer votre attention sur autre chose (en général, une envie de fumer passe en 5 minutes). Je n’ai pas appliqué ces conseils pendant mes soirées. Lors du deuxième rendez-vous, la tabacologue m’a fait prendre conscience d’une chose que je ne voulais pas voir : je ne voulais pas arrêter de fumer. Je me souviens avoir été assez vexée lorsqu’elle a mis le doigt là-dessus.

Une fois mon égo calmé, je n’ai pu que me rendre à l’évidence : elle avait totalement raison. Je n’avais pas réellement envie d’arrêter. Ma consommation ne me provoquait aucun inconvénient immédiat, ce qui me faisait rester dans un « statu quo » plutôt confortable. Je taxais le plus souvent donc aucun impact économique, je ne fumais qu’en soirée donc pas de problème quotidien d’odeur sur mes vêtements, je ne fumais pas au travail donc pas d’envie irrépressible dans la journée… et pour me donner bonne conscience, je répétais à tout bout de champ que j’essayais d’arrêter.

2020, vers l’arrêt définitif ?

Mon objectif 2020 : en finir avec la cigarette. Je ne suis toujours pas totalement libéré de l’emprise de la cigarette, car je fume à de rares occasions. Mais depuis le début de l’année, je n’ai pas fumé, même en soirée. Je suis sur la bonne voie, mais je pense aussi que lors ce qu’on a été fumeur.euse, on reste vulnérable à vie face au tabac.

J’espère que certains de ces conseils sauront vous être utiles dans votre parcours. A tous.tes les fumeurs.euses qui ont envie d’arrêter : nous avons appris à fumer, nous nous sommes sociabilisés en fumant, et il faut maintenant apprendre à ne pas fumer. Comme tout apprentissage, parfois on se trompe, parfois on n’y arrive pas, parfois notre égo est blessé, mais il faut recommencer, car à chaque fois on est plus fort.e et proche du but.

Je vous souhaite à tous.tes d’atteindre votre objectif, quel qu’il soit : arrêter de fumer, fumer moins… Vous méritez de réussir.

Manon.

1 Commentaire

JLD 31 janvier 2020 at 16 h 48 min

Un ancien fumeur n’est pas forcément vulnérable non. Mais chacun est différent. Dans mon cas perso le tabac est vraiment de l’ordre du dégoût, je suis plus gêné par les fumeurs que les non fumeurs eux-même. J’en veux à mon moi d’avant d’avoir fumé, avec le recule je trouve ça infiniment débile. On pue, on est moins en forme, on prend un risque élevé sur sa santé, ça coute un pognon dingue, on est esclave du bureau de tabac, …. La vie est précieuse, il faut en profiter, et clairement fumer n’est pas la bonne façon d’en profiter. Le problème du tabac est l’addiction d’un côté et de l’autre la dangerosité des produits mis dans les cigarettes. Il faut être fou pour mettre sa vie entre les mains de cette industrie mortifère. Il est étrange qu’il n’y ait pas de loi interdisant les fabricants de cigarettes de les rendre encore plus nocives que ce qu’elles seraient déjà si elle ne contenaient que du tabac.

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