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Hommage aux victimes de l’abattoir de Lusignan

Posté par SandraK 22 octobre 2018

Dimanche 21 octobre, les militant.e.s de l’association Libération animale 86 se sont réuni.e.s devant l’abattoir de Lusignan afin de rendre hommage aux victimes quotidiennes dont la vie s’arrête ici.

Libération animale 86 est une association depuis peu mais le collectif existe depuis bientôt 3 ans. Créé par Gladys, Pernilla et Brünhilde qui se sont rencontrées via les réseaux sociaux, leurs actions visent à faire prendre conscience de la violence et de la gravité de l’exploitation animale. Tantôt happening, cube, tractages, ou rassemblements, le collectif souhaite être sur tous les fronts.

Ce dimanche, les militant.e.s se sont retrouvé.e.s sur le parking d’Auchan avant de partir pour Lusignan. L’événement était prévu de longue date (presque 2 mois) car une telle action demande de la préparation en amont.

Tout d’abord il faut savoir qu’il y a peu d’abattoirs autour de Poitiers. On imagine bien qu’il faille éloigner les gens de la réalité de ce qu’ils consomment. Pour trouver un abattoir, les organisatrices ont suivi une bétaillère et ont ainsi atterri à celui de Lusignan ; c’est là-bas qu’elles ont pris la décision d’organiser un rassemblement en hommage aux animaux. À une période où le débat public est centré sur les bouchers et leurs vitrines, elles ont voulu avec cette action recentrer la discussion sur les victimes : les 3 millions d’animaux tués chaque jour dans les abattoirs en France.

Après avoir cherché des informations sur Internet, elles se sont rendues plusieurs fois sur place afin de repérer les horaires d’arrivée des bétaillères. L’idée était d’organiser un rassemblement pacifique lors de l’arrivée des animaux, les prendre en photos afin de diffuser sur les réseaux le visage de ceux qui souffrent vraiment. Mais rien ne s’est déroulé comme prévu…

Retour sur le parking d’Auchan, il est 15h, la vingtaine de militant.e.s est arrivée, tout le monde est habillé en noir. Gladys donne les dernières consignes. La gendarmerie sera sur place, l’événement est déclaré afin de n’avoir aucun problème légal (les militant.e.s animalistes ont déjà bien assez de soucis par les temps qui courent). Il y a un risque d’avoir une contre-manif sur place, les gérants de l’abattoir étant au courant de la venue du collectif. Elle prévient que cela risque d’être difficile émotionnellement. Les bétaillères sont gigantesques ; des animaux entassés sur 3 étages qui arrivent dans le couloir de la mort et qui le sentent, c’est éprouvant. Elle incite également à ne répondre à aucune des provocations dont les oppresseurs sont coutumiers : “nous sommes là pour les animaux seulement”.

Le départ est lancé. Sur place, les militant.e.s déchargent des fleurs, des dizaines de pancartes et des visuels. À l’arrivée devant les grilles de l’abattoir, la tension est palpable. 5 employés ainsi que la tenante de l’abattoir attendent devant entouré.e.s par des gendarmes. Dans un silence pesant, les activistes s’installent. La responsable de l’abattoir s’enflamme au bout de 5 minutes et somme ces derniers de ne pas s’approcher de la grille d’entrée. Les gendarmes sont de son côté. L’espace est délimité au centimètre près. Sans aucun scrupule, les employés de l’abattoir prennent les militant.e.s en photos. Il est 16h.

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Le temps passe. En arrière-plan, les sons d’une chasse, qui a lieu dans la forêt adjacente. Les gérant.e.s de l’abattoir rigolent grassement entre eux, tentent quelques petites piques. Les bétaillères n’arrivent pas. Les gendarmes viennent discuter antispécisme avec les militant.e.s. Le dialogue est compliqué. Les arguments habituels fusent : « mais on a besoin de manger de la viande ! » « pff aujourd’hui les gens sont plus sensibles aux animaux qu’aux être-humains ! » L’atmosphère est tendue mais les activistes ne cèdent pas aux provocations. Les gendarmes retournent discuter avec les employés, le dialogue entre eux semble plus simple. Les militant.e.s commencent à s’asseoir. Le temps se fait long. Iels comprennent rapidement que la bétaillère n’arrivera pas. Les employé.e.s de l’abattoir ont pris soin de la faire s’arrêter à quelques centaines de mètres. Par peur de quoi ?

Les activistes resteront sur place jusqu’à 19h30, comme prévu. Les gendarmes ont eu le temps de se faire remplacer une fois mais à 19h30, il faut partir, ils le font bien comprendre. Les employés sont toujours là avec la gérante. Il n’y aura eu aucun échange si ce n’est par des piques très peu délicates de la part de ces derniers. Sur le chemin du retour vers les voitures, l’odeur est nauséabonde. Difficile de faire plus laid que cet endroit. D’ailleurs personne n’y passe, la route ne dessert que l’abattoir et la station d’épuration.

Je demande à Gladys son sentiment sur l’action :

Surprise mais satisfaite. Au début de nos actions les gens en face riaient de nous. Aujourd’hui, ils s’énervent, mais c’est un signe que nos actions, ici et ailleurs, légales ou illégales commencent à avoir un réel impact. Il y a deux ans, lorsque l’on avait entrepris l’organisation d’une nuit debout devant un plus gros abattoir, l’abattoir était en fonctionnement, notre présence n’était absolument pas prise au sérieux. Voir que là, sur un plus petit abattoir, tout était fermé, qu’ils ne voulaient pas que l’on prenne des photos d’un bâtiment vide et qu’ils ont même empêché les bétaillères de venir… C’est fou. Concernant notre avis, ressenti sur l’action, nous sommes satisfaites. Nous dérangeons les spécistes, nous les mettons face à leurs actes qu’ils banalisent alors qu’il est question de mettre à mort, chaque jour, des animaux.

 

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