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Game of Thrones 8×05 : Vengeances tragiques et cendres à gogo

Posté par Marie 13 mai 2019

[ ATTENTION CET ARTICLE CONTIENT DES SPOILERS ]

Il est 3 heures du matin, heure française, ce lundi 13 mai, et les plus grand.e.s fans de Game of Thrones se sont collectivement rassemblé.e.s, chacun.e derrière son écran, pour 90 minutes de plaisir. Quelle que soit la qualité de l’épisode, les fans de Game of Thrones le savent : la sensation de découvrir un nouvel épisode vaut tout l’or du monde. Comme beaucoup, je me suis donc replongée dans cet univers qui m’est si cher, après des mois passés à relire les romans, revoir la série, et écumer les théories les plus loufoques proposées par l’Internet Mondial. Afin de transmettre mon amour pour cette saga, j’ai choisi de créer une modeste chronique hebdomadaire qui vous accompagnera tout au long de cette ultime saison. Bonne lecture !

Plus encore que la grande guerre contre les Morts de l’épisode 3, cette ultime bataille était attendue depuis des années. Depuis 8 ans, plus exactement, soit depuis la première saison et la découverte de la jeune Daenerys, future Khaleesi, qui portait un espoir de paix et de vengeance sur ses frêles épaules.

Les choses ont bien changé, depuis, et la petite Dany a bien grandi. L’évolution drastique du personnage est d’ailleurs au centre de tout cet épisode, si ce n’est au centre de la saison entière, et c’est avec une certaine délectation que les scénaristes, se croyant plus subtils qu’ils ne le sont véritablement,  nous ont laissé décortiquer ces changements au travers des yeux des personnages qui la côtoient. Ainsi, l’épisode s’ouvre sur la lettre hâtivement rédigée par un Varys plus qu’alarmé et s’inquiétant pour le sort des petites gens. Sans chercher outre-mesure à s’en cacher, il essaye à tout prix de renverser Daenerys au profit de Jon en invoquant des arguments plus ou moins recevables : je veux bien admettre que Jon ait un tempérament plus équilibré que sa tante, mais « Ce sont les hommes qui décident où réside le pouvoir ». Vraiment ? Invoquer une paire de testicules pour justifier le pouvoir, venant d’un eunuque, c’est un peu gros tout de même…

Toujours est-il que, sans surprise aucune (la conversation entre les deux personnages dans la saison précédente avait laissé présager un tel dénouement), Varys finit par payer le prix de sa trahison, sous les regards méfiants et inquiets de ce qu’il reste de ses proches. Ses derniers mots – glaçants – sont dignes du formidable jeu d’acteur de Conleth Hill, indubitablement un des meilleurs acteurs de la série entière.

Ainsi est lancée la machine sanglante de Daenerys qui choisit de gouverner par la peur, à défaut d’inspirer de l’amour, malgré les appels à la raison de Tyrion. Le seul à égaler sa froideur est Grey Worm, que le deuil semble avoir transformé en machine à tuer. Bon, je ne vais pas vous le cacher, je n’ai absolument pas été surprise par ce tournant légèrement « Mad Queen » qu’a pris Daenerys ; il m’a même plutôt déçue. Weiss et Benioff sous-entendent cette transformation sans aucune finesse scénaristique depuis maintenant 3 saisons – depuis que la série s’est totalement dissociée des romans, plus précisément – et ont choisi de continuer de l’appliquer. Je regrette amèrement le temps où les intrigues de Game of Thrones étaient construites tout en détails et subtilités pour avoir été remplacées par des « clins d’œil » si lourds qu’on a constamment l’impression d’être pris.e.s pour des imbéciles. Cette dernière saison a été particulièrement victime de ce syndrome d’abrutisation du scénario et du montage afin de forcer le spectateur ou la spectatrice à ne pas réfléchir par lui ou elle-même. Game of Thrones nous fait de moins en moins analyser et préfère nous prendre la main pour nous mener exactement où elle le souhaite : après tout, il n’y a pas de temps à perdre sur des scénarios intelligents, il ne reste plus qu’un épisode !

Je suis certes un peu sévère, et plusieurs péripéties de cet épisode sont très réussies, mais avec la fin de la série approchant dangereusement ma frustration va grandissante et ma déception également. Je ne reviendrai pas sur tous les détails abandonnés par la série – et il y en a beaucoup ! – au profit du grand spectacle, mais sachez que s’il y a d’autres très grand.e.s fans de la série ou lect.eur.rice.s des romans parmi vous, n’hésitez pas à écrire un commentaire sous cet article pour partager quel détail vous a le plus dérangé et pourquoi !

Fort heureusement, plusieurs scènes sortent du lot dans cet épisode dominé par les cendres et le chaos. J’ai beaucoup apprécié la filmographie de cette bataille et la manière dont elle a été tournée ; Sapochnik ( à qui on doit toutes les plus grandes batailles de Game of Thrones) réussit avec brio la représentation d’une panique meurtrière : parmi les gravats et les flammes, tout le monde se ressemble, simples mendiant.e.s et membres des familles les plus nobles de Westeros sont mêlé.e.s dans la rue et dans la peur. Parmi elleux, on retrouve Arya, Jaime, Sandor, Tyrion, Jon… Chacun.e semble confronté.e à ses propres démons. Tandis que Jon et Tyrion sont mis face à un choix entre leur loyauté et leurs principes moraux, Arya et Sandor partent en quête de vengeance (je suis fort déçue de ne pas avoir pu voir une partie de leur voyage en binôme vers la capitale ! ) et Jaime retourne aux côtés de l’amour de sa vie.

La vengeance, un mobile qui réunit depuis longtemps Arya et Sandor, prend ici deux sens bien différents : tandis que Sandor poursuit sa vendetta contre le frère qui l’a défiguré enfant, la vengeance d’Arya est bien plus globale. Derrière sa volonté d’abattre Cersei se cache en fait un désir de vengeance plus profond qui touche non pas une personne en particulier, comme elle le pensait, mais bien un système cruel qui l’a traumatisée dès son plus jeune âge. En titubant dans les rues, le visage hagard, elle semble réaliser que la mort de Cersei n’effacera pas les horreurs vécues par les petites filles qui lui ressemblent, bien au contraire.

La vengeance de Sandor a pris, quant à elle, un tournant tout à fait tragique puisqu’il se trouve que son « frère », ou ce qu’il en reste,  ne peut en fait tout simplement pas être tué et la seule chose à faire pour accomplir son destin est de se sacrifier pour satisfaire la soif de vengeance qui l’a toujours animée. Bon, c’est une fin un peu fade pour Sandor qui était un de mes personnages préférés, mais le fameux Clegane Bowl a valu le détour et surtout son dernier échange avec Arya. Petite larme.

En plus de Varys, Sandor, The Moutain / Gregor, et Qyburn (qui a eu la mort la plus rapide de l’histoire de la télévision, ce chanceux), ce pénultième épisode a également définitivement écarté Cersei et Jaime Lannister d’une manière qui ne me semble ni digne des personnages ni franchement logique. J’ai apprécié les jeux d’act.eur.rice.s de Lena Headey et Nikolaj Coster-Waldau qui incarnent à la perfection ces derniers instants de désespoir et d’amour, mais je ne peux m’empêcher d’être une fois de plus déçue. Leurs réactions respectives sont contraires à tout l’arc narratif qui avait été construit et certains détails ne sont simplement jamais abordés ( la prophétie de Cersei ? Le soi-disant bébé ? La relation avec Brienne ? ) mais bon, on ne pour reprocher à leur mort de ne pas avoir été poétique.

Les scénaristes nous ont néanmoins offert une scène touchante d’adieux entre Tyrion et Jaime, nous rappelant au passage le lien très fort entre ces deux frères que tout oppose. On a brièvement retrouvé le Tyrion qui nous manquait tant, humour inclus, et s’il y a bien un personnage à qui l’épisode a rendu justice c’est bien lui. Ses larmes en quittant son frère révèlent, plus que la suite de l’épisode, à quel point Jaime Lannister était un personnage central. RIP Jaime, après 7 saison à t’avoir adoré, ce dernier épisode sera rude !

Une dernière mort a eu lieu, celle de Euron, aussi dit « le méchant le moins réussi de tous les temps ». J’en ai déjà brièvement parlé et je ne m’étendrai pas à nouveau sur le sujet mais les méchants de Game of Thrones ont perdu peu à peu de la saveur et Euron est un condensé de clichés mal réussis. Lorsque ce simple pirate vulgaire meurt, non seulement on s’en fiche royalement, mais on n’est même pas satisfait.e.s : c’est dire à quel point il était raté. Là où la cruauté était présente à chaque coin de rue auparavant dans l’univers du trône de fer, seule Cersei l’incarnait réellement en cette fin de série ; heureusement qu’elle était là pour nous faire froid dans le dos !

Dans l’ensemble, cet avant-dernier épisode m’a impressionnée dans sa réalisation et sa filmographie, mais il m’a également laissée sur ma faim car il met de côté la subtilité de ses personnages au profit d’un grand spectacle prévisible et trop peu recherché. Il ne reste à Game of Thrones qu’un seul épisode pour placer une dernière fois ses personnages restants sur le vaste échiquier politique de Westeros, et pour saisir l’opportunité de nous surprendre une dernière fois.

Pensées orphelines

  • Un mystère a toujours pesé autour de l’histoire de Varys : d’où est-il réellement issu ? Quelle est sa relation avec les prêtresses rouges ? Quels sont ces anneaux qu’il avait aux doigts ? J’ai bien peur que la série ne prenne jamais le temps d’élucider ces mystères, quel dommage…
  • Je me demandais où était passé Tyrion (la dernière fois qu’on l’a vu dans l’épisode il déambulait oklm dans les rues de King’s Landing) mais le teaser de la semaine prochaine nous dévoile qu’il est toujours en vie. Ouf !
  • L’épisode est très (très) long à se lancer vous ne trouvez pas ? Les conversations entre Jon et Daenerys à côté de feux de cheminées commencent à m’agacer sérieusement : il n’en ressort jamais rien !
  • Les explosions de feu grégeois (le feu vert qu’avait utilisé Cersei pour faire exploser le Grand Septuaire de Baelor) dans la ville sont un clin d’œil aux nombreuses « bombes » cachées par le Roi Fou, père de Daenerys, pour défendre son palais. Ces explosions offrent de très beaux plans mais…..ne……..servent……..à……….rien ?
  • J’ai explosé de rire lorsque Cersei essaie de s’éclipser discrétos après la mort de Qyburn et lorsqu’elle voit que les deux frères s’apprêtent à se battre. En effet Majesté, il était grand temps de partir.
  • La géographie de King’s Landing a pris une grande importance dans cet épisode et c’est un aspect stratégique qui a été très bien utilisé par le metteur en scène ! Les centaines de rues tortueuses et de passages en pierre ont rajouté une couche de panique et de chaos. J’ai cependant du mal à croire que personne n’ait informé Cersei de la destruction de la flotte d’Euron Greyjoy, et puis, elle aurait pu aller regarder de temps en temps par une autre fenêtre.
  • En parlant de fenêtre, pourquoi Daenerys n’a pas visé directement celle où se tenait Cersei ?
  • Le nombre de soldats dans l’armée de Jon et Daenerys est tout simplement absurde. Je ne saisis pas d’où sont sortis tous ces Dothrakis et ces Unsullied alors qu’aux dernières nouvelles la guerre contre les Morts ainsi que la frappe d’Euron avaient fait des ravages !
  • Très drôle que la série ait pris le temps de présenter Harry Strickland – général de la Compagnie Doré, et un personnage important des romans – pour finalement le laisser mourir sans avoir prononcé un mot.
  • L’ombre du dragon sur King’s Landing fait écho à cette vieille vision de Bran !
  • C’est officiel : Arya aurait donc suivi des années de formation ultra-contraignantes pour devenir une sans-visage pour finalement…….. Quasiment jamais l’utiliser.

Le coin des théories

  • A ce stade, cela ne relève plus vraiment de la théorie mais plutôt de l’analyse de tout ce qui reste à faire pour boucler l’histoire. Daenerys doit prendre contrôle de ce tas de ruines qu’est devenu la capitale et de ce qui reste de ses habitant.e.s . Plusieurs de ses allié.e.s – dont Tyrion et Jon – lui poseront problème voire se rallieront avec Sansa au Nord.
  • Bronn va revenir et exiger son château ! Mais au vu de la manière dont Tyrion s’est comporté en libérant Jaime, je doute que Daenerys ne le lui accorde. Ca sent le roussi pour notre nain favori..
  • J’avais évoqué la possibilité que la série entière se termine sur une boucle temporelle inlassable où l’humanité reviendrait toujours au point de départ. A l’époque je pensais plutôt à la vie et à la mort, mais cette possibilité pourrait aussi être liée à toute la réflexion sur le pouvoir corrompant tous les individus l’obtenant !
  • Je sais que ceci est probablement un vaste fantasme mais je ne perds pas espoir de revoir Nymeria la semaine prochaine.
  • Les soucis matériels – argent, nourriture, logements – prendront peut-être le pas sur les soucis militaires maintenant que la nécessité de conquérir a été écartée ! Auquel cas le Nord, qui s’y prépare depuis longtemps, en ressortirait vainqueur.
  • Si je devais choisir une fin possible parmi toutes celles qui s’offrent à nous, je dirais que le Royaume est divisé en plusieurs contrées, chacune dirigée par un.e monarque différent, et personne ne s’assoit sur le trône de Fer, qui n’est de toute façon plus qu’un siège au milieu des cendres.

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