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Game of Thrones 8×04 : Trahisons, jeux à boire et retournements de situation

Posté par Marie 6 mai 2019

[ ATTENTION CET ARTICLE CONTIENT DES SPOILERS ]

 Il est 3 heures du matin, heure française, ce lundi 6 mai, et les plus grand.e.s fans de Game of Thrones se sont collectivement rassemblé.e.s, chacun.e derrière son écran, pour 90 minutes de plaisir. Quelle que soit la qualité de l’épisode, les fans de Game of Thrones le savent : la sensation de découvrir un nouvel épisode vaut tout l’or du monde. Comme beaucoup, je me suis donc replongée dans cet univers qui m’est si cher, après des mois passés à relire les romans, revoir la série, et écumer les théories les plus loufoques proposées par l’Internet Mondial. Afin de transmettre mon amour pour cette saga, j’ai choisi de créer une modeste chronique hebdomadaire qui vous accompagnera tout au long de cette ultime saison. Bonne lecture !

Après plusieurs épisodes de plus en plus décevants, Game of Thrones reprend enfin du poil de la bête et est revenue nous donner une grande claque scénaristique – et que ça fait du bien ! Exit les épisodes feel good  à base de retrouvailles et de survies improbables ( je n’ai malheureusement pas écrit d’article sur l’épisode de la semaine dernière, mais c’est peut-être tant mieux au vu de l’immense déception qu’a été pour moi la grande bataille de Winterfell ), et j’accueille les bras ouverts ce retour des retournements de situation et de la mise en berne de nos espoirs.

Les premières minutes de cet épisode ont pour objectif d’enterrer – quasi littéralement – ce qu’il reste de la guerre contre les morts pour le laisser se focaliser entièrement sur les enjeux à venir. Derrière les larmes de Sansa pour Theon et celles de Daenerys pour Jorah se cache une émotion plus forte encore : la solitude. Car en effet, ces deux femmes fortes se retrouvent soudain sans la personne en laquelle elles avaient le plus confiance, à un carrefour de leurs vies politiques respectives où elles auraient pourtant bien besoin d’un confident. Cette solitude se fera probablement durement ressentir dans les derniers épisodes à venir, notamment en ce qui concerne Daenerys qui n’a pas de famille à proprement parler sur laquelle compter.

Malgré l’ambiance festive qui les entoure au banquet de Winterfell, il est net que la table des Lords et des Ladies manque amèrement de sourires ! Pour une fois, j’ai été plutôt appréciative du jeu d’acteurs et d’actrices : Emilia Clarke est notamment remontée dans mon estime, prouvant une fois de plus qu’elle campe bien mieux le rôle de la despote déterminée que celui de l’amoureuse transie.

Maintenant que la menace des morts a été écartée (d’apparence du moins, même si je doute qu’elle ne revienne sur le devant de la scène), Game of Thrones peut prendre le temps d’explorer ce qu’elle sait le mieux analyser, c’est-à-dire les stratégies politiques, les complots, et la philosophie du pouvoir. La longue conversation entre Varys et Tyrion en fin d’épisode met en exergue tous les questionnements philosophiques que la série propose, sans jamais trop s’éloigner du contexte non plus. Leurs différences de raisonnements, qui s’inscrivent dans la droite lignée de la philosophie de Machiavel (lorsque Varys fait de nombreuses fois référence à ce que devrait ou ne devrait pas être un « tyran » il est difficile de croire que ce rapprochement entre la saga et Le Prince soit accidentel), permettent non seulement aux spectat.eur.rice.s de se positionner ( pensez-vous qu’il faut être loyal à son souverain et tout faire pour le ou la conseiller comme Tyrion ? Ou plutôt qu’il vaut mieux commettre une haute trahison et renverser le pouvoir pour le bien du peuple, comme Varys ? ) mais aussi à la saga de renouer avec ce qui l’avait rendue si formidable, c’est-à-dire la réflexion sur l’immoralité de la guerre et l’imprévisibilité de la vie.

Je vais peut-être chercher un peu loin me direz-vous, et vous n’avez pas tort. J’aime à penser que cette série nous offre un contenu philosophique intéressant, mais il est tout de même noyé dans la sauce du grand spectacle à laquelle l’adaptation peine à s’échapper. Ainsi, des arcs scénaristiques tout à fait banals et prévisibles se sont glissés aux côtés de toutes les considérations fascinantes sur les rouages de la politique de Westeros, sur les tyrans et sur la loyauté. Gendry, qui devient Lord Baratheon, propose à Arya de l’épouser mais celle-ci refuse ( ouf ! ). Brienne et Jaime décident enfin de mettre une fin à leur tension sexuello-militaire dans une scène qui m’a mise tellement mal à l’aise que j’ai failli me cacher les yeux comme une enfant, et Bronn débarque à Winterfell et nous a tout.e.s fichu une belle frousse (j’ai sincèrement cru qu’il allait tuer un des deux frères Lannister).

Mais la meilleure scène de toutes reste à mes yeux celle de l’arrivée de la flotte de Daenerys à King’s Landing. Les scénaristes ont pris le soin de faire monter peu à peu la tension dans l’épisode – que ce soit le regard froid de Sansa ou l’arrivée de Bronn, tout pousse le spectateur à croire que quelque chose de très mauvais s’apprête à arriver – et lorsque la première lance vient se planter dans le poitrail de Rhaegal on comprend très rapidement que rien ne va se passer comme prévu. Je sais que pour certain.e.s cette sensation de frustration, de ne pas pouvoir prévoir avec certitude la suite des évènements n’est pas agréable, mais il s’agit pour moi de la plus grande qualité de cette saga. Malgré 7 saisons entières, malgré la popularité de ces retournements de situation, je ne peux m’empêcher de ressentir un grand pic d’adrénaline à chaque fois, et que ça fait du bien ! Notamment après un épisode aussi décevant que le précédent, après lequel j’avais affirmé que Game of Thrones ne sait plus nous surprendre.

Ceci étant dit, il manque une certaine logique dans l’enchaînement d’actions, ce qui me pousse à dire une fois de plus que cette saison marche en équilibre entre un scénario trop expéditif et des scène inutilement longues. Avec l’approche de l’ultime épisode, les scénaristes ne savent quelle stratégie aborder pour clore efficacement la boucle, et entre l’accumulation d’actions fortes et les longues conversations pour approfondir leurs protagonistes, iels ont décidé de faire… les deux. Malgré la très bonne construction de cet épisode, qui met en place cette tension dont je vous parlait précédemment, cette alternance entre ces deux types de scénario font parfois trébucher la continuité de l’arc narratif des personnages et nous empêche régulièrement de nous sentir concerné.e.s par la mort de certain.es. Missandei a été victime de cet emballement du scénario et nous l’avons à peine aperçue ces derniers épisodes. Avec l’enchaînement rapide d’actions qui ne sont pas toujours reliées de manière subtile, non seulement j’ai eu du mal à me sentir triste pour ce personnage que nous avons finalement très peu vu, mais en plus sa mort était quant à elle tout à fait prévisible ; un grand merci aux monteurs de ces deux derniers épisodes qui nous ont offert des gros plans terriblement menaçants sur son joli minois.

Avec sa conclusion qui approche à grands pas, je suis fort rassurée que Game of Thrones ait réussi à me faire renouer avec ce que je préférais de son adaptation filmée. Croisons les doigts pour que les deux prochains épisodes poursuivent sur cette lancée, et que nos personnages favori.te.s restent en vie ! (Ou pas…)

Pensées orphelines

  • A la fin de la bataille précédente, tous les Morts se sont effondrés en même temps que le Roi de la Nuit. Ainsi, il devait y avoir des dizaines de milliers de cadavres à Winterfell, et pourtant, on ne les voit brûler que ce qui semble être une fraction de ce nombre. Alors où sont les autres corps ? Sont-iels allés sélectionner les mort.e.s les plus « important.e.s » dans le tas ?
  • Absolument personne n’a l’air choqué.e par l’accomplissement d’Arya, tout est normal.
  • Jaime Lannister, roi de la subtilité : « Tiens donc il fait vraiment chaud dans ta chambre je vais enlever mon manteau »
  • Une fois de plus, vous allez me dire que je suis fatigante avec mes considérations pragmatiques. Mais, bon Dieu, pourquoi est-ce que personne n’a émis l’idée de protéger les dragons restant avec au moins une armure sur le poitrail ? Daenerys a déjà perdu un de ses « enfants » à cause d’une lance lui ayant transpercé le poitrail, et pourtant elle continue de les envoyer sans même réfléchir à leur vulnérabilité. D’autant plus qu’elle a déjà croisé cette invention anti-dragon de Qyburn. Le simple fait que des êtres humains soient capables de tenir en équilibre des heures durant sur des dragons volant à toute allure m’énervait déjà, mais ce manque d’équipement et de logique commence à sérieusement me courir sur le haricot (RIP Rhaegal).
  • En parlant d’animaux maltraités, big up à Ghost qui a survécu on ne sait trop comment à la bataille de Winterfell (même si RIP l’oreille gauche de Ghost) et qui se fait tout de même abandonner par son « maître » qui par ailleurs n’a montré aucun signe d’affection à son égard depuis 3 saisons. Plus que Missandei ou Rhaegal, Ghost est la réelle victime de cet épisode.
  • Le mystère de la chaise et des déplacements de Bran est enfin évoqué, alléluia !
  • Il est beaucoup question de sexe dans cet épisode ! Notez le gros plan sur un Podrick bien entouré, et surtout le petit cours de biologie de Samwell.
  • Le retour du binôme Arya/Sandor me réchauffe le cœur et j’espère que l’épisode de la semaine prochaine nous offrira de beaux moments entre eux ! A ce propos : comment Sandor était-il au courant pour Gendry et Arya ?!

Le coin des théories

  • Il semblerait que la rédemption de Jaime Lannister ne soit pas si terminée que ça, puisqu’il n’a pas résisté à la tentation de retourner à King’s Landing (l’inverse m’aurait étonnée). Je pense qu’il essaiera, au même titre que Tyrion, de raisonner sa sœur en utilisant son (leur ?) bébé à venir comme argument. Ceci dit, je ne pense pas que cet appel sera bien reçu par Cersei, et je reste persuadée que Jaime sera celui qui mettra fin à ses jours.
  • En parlant du bébé de Cersei, je peine à comprendre où cette histoire va la mener. Si Tyrion en a parlé publiquement devant Euron, alors celui-ci comprendra vite que l’enfant n’est pas de lui (serait-ce volontaire de la part de Tyrion ? ) et désertera peut-être rapidement Cersei. Toujours est-il que rien ne nous confirme que cet enfant est réel… Je pense qu’il l’est, que Euron va quitter Cersei, et qu’elle fera une fausse couche avant de mourir.
  • Le dernier mot de Missandei est un appel clair à la destruction, et au vu du regard déterminé de Daenerys, elle compte suivre son ultime conseil. Cersei et sa clique ne parlant pas le valyrien, iels n’ont probablement pas saisi cette référence ! J’avoue avoir un peu hâte de pouvoir observer le déchaînement de Daenerys, il est clair que les plans élaborés ne lui conviennent pas et que pour l’instant tout cramer semble être la meilleure solution, même si un seul dragon ne sera probablement pas suffisant. Tout semble pointer vers un tel déferlement de violence dans la courte bande-annonce de l’épisode 5, qu’Emilia Clarke a annoncé être plus choquant que le troisième. Daenerys devra compter sur les renforts menés par Jon, mais sûrement aussi sur ceux promis par le nouveau Prince de Dorne ! Mais si vous savez, Dorne, ces terres immensément riches et puissantes du Sud que la série a décidé de laisser quasi-entièrement tomber…
  • Il semblerait que le Roi de la Nuit soit véritablement éradiqué. Cependant, les phrases cryptiques de Bran me laissent penser que la série se terminera par la création d’un nouveau Roi de la Nuit, et que le cycle éternel  de la vie et de la mort qui est au cœur de toute la série reprenne à nouveau.
  • Ceci relève plus du souhait que la théorie, mais les loups menés par Nymeria viendront prêter main forte à King’s Landing, j’en suis certaine !

Retrouvez mes critiques précédentes ici et ici.

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