Culture

Bill Noir : créer du rare avec des fragments de masse

Posté par Ju le Zébu 11 octobre 2017

Dans un monde baigné ou inondé d’images comme on aime à le répéter, (r)éveiller le regard n’est pas une mince affaire. En coupant, assemblant, désarticulant les formes et les matières, le collagiste Bill Noir, nous invite dans son univers parfois drôle et surtout poétique. Fasciné et enchanté, on s’amuse alors à identifier les éléments de ce monde nouveau et précieux.

Berthine, en bonne curieuse, souhaitait en savoir un peu plus sur ce créateur aux multiples papiers (il en a plus d’un morceau dans sa poche). Bill Noir a accepté de répondre à nos questions :

Alors pour commencer, pourrais-tu te présenter (en quelques mots) ?

Observateur, cinéphile, chineur, né en 1981, expérimentateur, sténopiste, sérigraphe, collectionneur, collagiste, curieux des autres, micro-éditeur à Mékanik copulaire, j’aime les jeux de mots et les concerts …

Comment en es-tu venu à l’art du collage (ou comment est-il venu à toi) ?

Je suis sorti d’une école d’art en 2003, et j’avais déjà un peu expérimenté le collage dans des carnets, sans me dire collagiste pour autant. C’était surtout dut à des revues « arts ménagers » des années 50 que j’avais acheté. Après de nombreuses années à faire des montages digitaux avec celles-ci, j’ai eut envie de découper en vrai dans ces magazines, et j’ai passé le cap en 2008.

Qu’est-ce que l’image issue du collage a de spéciale pour toi ? (par rapport à d’autres techniques qui produisent aussi de l’image)

Ce que je trouve intéressant du fait d’utiliser une matière déjà existante, c’est que tu peux l’aborder sans forcément avoir trop d’idées. Se laisser porter par une part de fascination, de hasard, et redonner à voir ces éléments de façon détournée. J’aime son pouvoir de « jeu » et aussi d’arriver avec le temps à approcher son propre style avec une matière que l’on trouve presque partout et en quantité. Partir de fragments de masse pour créer du rare…

As-tu des influences ou inspirations particulières ?

Avant tout, et comme tout bon collagiste qui connaît ses classiques, les dadaistes et leurs défrichages d’il y a un siècle maintenant, avec une préférence marquée pour Hannah Höch, et Raoul Hausmann. Après, oui de multiples au travers du 20ème siècle. Par exemple, Georges Herms, Rauschenberg, …

Je puise aussi certaines envies en observant des blogs et des pages web qui présentent les collagistes d’aujourd’hui, comme le très bon « weird show ».

Concernant les matériaux : As-tu des matières privilégiées ? Tu utilises beaucoup de vieilles photos et du papier dont on sent qu’il est un peu jauni, patiné, pourquoi cette préférence ? Comment et où récoltes-tu ton matériel ?

Je suis attiré par des images texturées, des couleurs, teintes et reflets dont les qualités d’impressions se concentrent des années 50 à 70. Les livres imprimés en héliogravure sont les plus impressionnants. A mes débuts, j’étais fasciné par l’iconographie et le décalage des année 50 mais aujourd’hui, mon intérêt se porte sur des images d’arts anciens, de plantes d’intérieurs, d’oiseaux, et de bien d’autres images qui appelle ma curiosité.

Les chutes de papiers qui s’égrainent sur mon plan de travail sont aussi source de réflexions, et transforment mes compositions vers plus d’abstraction.

Je trouve ces vieux livres et revues sur des marchés aux puces, Emmaüs, internet, et sur ma place préférée de Bruxelles, la place du jeu de balle.

Est-ce que tu découpes tout ? (même les vieux livres?!)

Pendant longtemps, je n’osais pas découper dans certaines de mes trouvailles, mais avec le temps,

ces scrupules ont totalement disparues, sauf rares exceptions. Je me dis qu’au moins, je les redonne à voir, donc que je les fait vivre à nouveau.

Tes créations sont publiées par la Mekanik Copulaire. Mais qu’est-ce donc que cela ?

« Mékanik copulaire » rassemble des éditions que je crée depuis mars 2010.

les publications oscillent entre l’impression d’une revue qui présente une sélection de collagistes d’aujourd’hui, l’édition de quelques photographes et l’auto-édition de mes collections d’images trouvées ou de mes propres collages. Je fais de la diffusion en librairie et via internet, et cela me permet aussi de voyager sur de nombreux salons de petits éditeurs, qui sont nombreux aujourd’hui. Pour ce faire une idée c’est ici > http://cargocollective.com/mekanikcopulaire

Quels sont tes projets en cours ou à venir ? (si ce n’est pas top secret)

Je dois organiser une petite expo à Tours en novembre, ville ou j’ai grandi et n’ai encore jamais montré mon travail. On me prête également un atelier jusqu’à décembre ici à Strasbourg, alors j’en profite pour m’étaler plus que je ne peux le faire dans ma chambre où je travaille habituellement. Et j’aimerais aller sur des salons d’éditions un peu plus loin que d’habitude, comme Montréal par exemple, ou dans le nord de l’Europe, mais ça n’ait encore qu’une idée.

Et pour finir : Quel est ton sandwich préféré ?

C’est drôle ce que tu demandes, car j’ai fait il y a peu, un croquis d’idée de collage que je voulais aborder comme on fait un sandwich, par empilements.

J’aime les sandwich non défini, fait soi-même, avec plein de choses en petites quantités.

Chaosmos Papercut – 13/8/2017

Pour découvrir l’univers de Bill Noir et ses créations, c’est par-là : https://www.instagram.com/billnoir.chaosmos/?hl=fr mais aussi sur facebook !

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