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Un petit voyage au XVIIeme : direction Richelieu !

Posté par Ju le Zébu 13 juillet 2017

La saison estivale commence. On rêve de prendre le large, de s’envoler vers des destinations exotiques, au soleil, loin du quotidien. Et pourtant, le repos des tropiques n’est pas pour tout de suite. On manque de sous, il faut travailler, on manque de temps… Un sacré cercle vicieux ! Mais en attendant les vacances, les vraies, on peut aussi déjà (re)découvrir les curiosités de nos propres régions. Quoi ? Vous habitez dans un trou ? Et bien moi aussi mais même dans le Nord des Deux-Sèvres, il y a des choses à voir. Ou pas très loin. Le week-end dernier, je suis allée à Richelieu, au croisement de la Touraine et du Poitou.

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Richelieu c’est un bonhomme, direz-vous, et pas n’importe lequel. Monsieur Armand Jean du Plessis de Richelieu pour être précis. Cardinal, grand ministre de Louis XIII, chaussures… L’homme a marqué son temps. On se souvient surtout de lui comme une main de fer, responsable de la répression protestante, initiateur de la monarchie absolue. Mais c’est également un intellectuel, un grand mécène et amateur de belles matières. Vers la fin de sa vie, il commandite la fondation d’une ville nouvelle, idéale. Comment cette figure éclairée aurait-elle pu résister à cette tentation ? On imagine facilement qu’il ait lu Utopia ou la description de l’abbaye de Thélème dans Gargantua. Des utopies, des cités idéales.

C’est l’architecte Jacques Lemercier (à qui nous devons la Sorbonne par exemple) qui est choisi pour dessiner cet ambitieux projet d’urbanisme. Le plan dit « en damier » est symétrique. La grande Porte, deux places (place royale et place du Cardinal)… Dans la grande rue se trouvent les maisons nobles. Lorsqu’on traverse cette rue on est tout de suite étonné de voir que toutes les façades, portes, fenêtres et moulures sont similaires. Cette uniformité est due à une stratégie « marketing » du cardinal. La ville sera édifiée entre 1631 et 1642 sur des terres marécageuses rachetées par le cardinal à bas prix. Pour peupler rapidement cette nouvelle cité, Richelieu exempte la ville d’impôts. Les nouveaux venus doivent cependant alors construire leur demeure selon les plans choisis pour la ville, d’où la répétition des grandes portes cloutées. Les rues adjacentes ne présentent pas ou plus d’homogénéité. Ce sont des maisons, anciennes certes, mais surtout plus simples parce qu’elles étaient destinées aux bourgeois, aux commerçants et autres membres du tiers-état pouvant se permettre de s’y établir (et les domestiques peut-être aussi?).

Ce qui me fascine lorsque je me ballade dans les vieilles rues de ce bourg, c’est que l’ordre social idéal de Richelieu est inscrit dans un idéal urbanistique et architectural. Chacun à sa place et chaque façade indique qui y habite. La symétrie est quant à elle symbole d’équilibre.

Richelieu n’aura pas beaucoup profité de l’endroit : il meurt avant la fin de la construction de la ville.

La ville est dans son ensemble bien conservée. Pendant longtemps, personne n’y a touché, la laissant dans un état assez authentique mais parfois délabré. On aurait presque l’impression d’y respirer encore un peu de poussière du XVIIeme. Un petit voyage dans le passé. Depuis quelques années, la municipalité cherche à redorer le blason de la ville du cardinal. Pour se faire de nombreuses bâtisses ont été rénovées dans le style de l’époque et différents événements sont organisés. Jusqu’en septembre, d’anciennes boutiques sont occupées par des artisans d’art par exemple. N’oublions pas que Richelieu, le cardinal, était un amateur de beaux objets. Pour l’anecdote, une dentelle porte également son nom. Inspirée ou copiée, sur ce que le cardinal jugeait être la plus belle dentelle, celle de Venise mais made in France, commanditée par Richelieu. Il s’agit décidément d’un homme aux multiples facettes.

S’il vous arrive de passer de l’Indre et Loire au Poitou, je vous conseille donc de faire une pause pique-nique dans le parc de Richelieu ou bien de vous arrêter boire un verre dans l’un des café qui bordent la place royale, et de vous laissez un peu immerger dans ce petit bijou architectural du XVIIeme, vous amusez à chercher les erreurs de symétries et si vous vous en sentez l’énergie, vous demandez quelle est votre ville idéale. Vous ne trouverez aucun château à visiter, ce dernier a été détruit durant la Révolution, mais le Bourg vaut en lui-même le détour. Il est unique !

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