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Le(s) problème(s) de l’huile de palme

Posté par SandraK 12 juin 2018

Suite à l’autorisation donnée par le ministre Nicolas Hulot à la nouvelle raffinerie Total de la Mède d’importer massivement de l’huile de palme afin d’augmenter la production de biodiesel, la question de l’huile de palme est de nouveau débattue. Quels sont les problèmes posés par cette huile végétale ?

Histoire

L’huile de palme est une huile végétale issue du palmier à huile. C’est l’huile végétale la plus utilisée dans le monde (38% de l’ensemble des huiles végétales) et également la moins chère.

Quand on entend “huile de palme” on pense souvent au Nutella qui a souvent été décrié sur le sujet. Se voyant pointé du doigt de toute part comme tueurs d’orangs-outans, Ferrero a d’ailleurs pris les choses en main : https://parlons-qualite.nutella.com/fr/nos-engagements-durables#charte-huile-de-palme (d’aucun crieront au capitalisme vert).

Or, Nutella n’a pas le monopole de l’utilisation d’huile de palme. Cette dernière est présente à peu près partout : dans la nourriture (humaine et animale), les cosmétiques, le carburant, les shampoings et gels douche, la lessive et même dans l’encre végétale ou les bougies.

Le problème écologique

L’huile de palme est cultivée principalement en Indonésie et en Malaisie (85% de la production) dans des régions de forêts tropicales. Sa consommation entraîne une déforestation massive et ainsi la destruction de l’habitat de nombreuses espèces en voie d’extinction (on pense souvent aux orangs-outans mais d’autres primates sont concernés ainsi que tous les habitués des forêts humides).

Les forêts sont rasées afin de créer des espaces pour des plantations de palmiers à huile, or ces forêts sont des mines d’or pour la captation du CO2. Ainsi, d’un côté les émissions de gaz à effet de serre ne font qu’augmenter et de l’autre on détruit ce qui permet de lutter contre ces émissions. Mais ce n’est pas tout ! Les pratiques mises en œuvre pour “raser” ces forêts entraînent un assèchement non négligeable des espaces, responsable de nombreux incendies et donc… de fortes émissions de CO2.

Pour vous donner un ordre d’idée de la gravité du problème : en 2007 on estimait que 98 % des forêts humides indonésiennes auraient disparu en 2022.

Le problème social

En 2016, Amnesty International sort un rapport “le grand scandale de l’huile de palme”. L’ONG y dénonce le travail forcé des enfants dans des plantations de palmiers à huile en Indonésie, ainsi que des conditions de travail désastreuses et des salaires misérables (2€30 par jour pour les femmes). De grosses marques sont concernées : Nestlé, Colgate, Knorr, Magnum…

Le changement de comportement des grosses firmes susmentionnées à l’égard de la déforestation (elles ne touchent plus aux forêts tropicales et donc cherchent d’autres terrains afin d’implanter leur production) entraîne l’expropriation de petits producteurs locaux. Ces dernières affichent pourtant “huile de palme durable” sur la plupart de leurs produits.

La question du biocarburant

En Europe, près de 50% de l’huile de palme importée est destinée au “biodiesel”. Le biodiesel est un carburant obtenue à partir d’une huile végétale (colza, soja…). L’huile de palme étant la moins chère sur le marché, le ministre Nicolas Hulot a autorisé l’importation de 300.000 tonnes d’huile de palme provenant de Malaisie afin de créer une nouvelle raffinerie sur le site de La Mède.  Cela correspond à une augmentation de ⅓ de l’huile de palme importée en France en 2017, c’est colossal ! Bien que Total certifie s’approvisionner en “huile de palme durable” (sic) ; l’utilisation croissante de biodiesel dans les pays européens ne peut qu’inciter les pays producteurs d’huile de palme à accentuer leurs rendements et inévitablement à accroître la déforestation.

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L’huile de palme durable ?

Certification agriculture biologique, logo CSPO … les entreprises ont pris de front le problème de l’huile de palme et souhaitent montrer patte blanche comme on l’a vu plus haut avec Nutella. Mais l’huile de palme dite “durable” existe-t-elle vraiment ?

Sur le site de WWF, on peut lire ceci “Pour transformer les marchés, le WWF soutient la certification RSPO (table ronde sur l’huile de palme durable) et travaille avec les entreprises qui achètent de l’huile de palme pour les inciter à s’engager en faveur de l’utilisation d’huile de palme respectant un minimum de garanties environnementales”

C’est beau, on dirait du Victor Hugo. C’est aussi un bel exemple de greenwashing. Il suffit de savoir que les plus grands lobbys de l’industrie palmière financent cette table ronde (RSPO). Ce sont eux qui payent ceux qui étiquettent. C’est ce qu’on appelle un conflit d’intérêt non ?

Par ailleurs, une société peut être membre de la RSPO sans utiliser dans ses produits de l’huile de palme « durable ».  C’est ce qu’on appelle : du foutage de gueule. En outre, la RSPO n’a aucun pouvoir pour sanctionner les entreprises ne respectant pas les engagements. Et force est de constater qu’il y en a beaucoup qui n’en font qu’à leur tête.

Sur le sujet lire : http://www.fian.be/IMG/pdf/dospalmoliefr-1217-lrnb.pdf

La certification agriculture biologique quant à elle est plus stricte car aucun produit neurotoxique comme le paraquat n’est utilisé. La déforestation n’est pas autorisée quelque soit le type de forêt et ce contrairement à la certification CSPO (délivrée par la RSPO susdite) qui ne condamne pas la destruction de la forêt primaire : les entreprises palmières s’en donnent donc à cœur joie.  On pourrait interroger cependant la légitimité de l’accaparement des terres par des multinationales pour un produit qui est loin d’être indispensable.

Vivre sans huile de palme

La répartition mondiale de l’huile de palme est aujourd’hui de 80% dans l’alimentaire, 19% dans les cosmétiques et 1% dans l’énergie. Traquer l’huile de palme c’est possible et d’autant plus facile depuis la loi européenne sur l’étiquetage des denrées alimentaires du 13/12/2014.
Voici une liste (non exhaustive) des produits contenant de la palme ou des dérivés :

https://vivresanshuiledepalme.blogspot.com/p/produits-contenant-de-la-palme-ou-des.html

La meilleure façon de lutter à notre échelle contre les problèmes liés à l’huile de palme reste donc de ne pas en consommer.

Sources :

https://www.wwf.fr/champs-daction/alimentation/matieres-premieres-agricoles/huile-palme

https://www.amnesty.fr/responsabilite-des-entreprises/actualites/huile-de-palme-travail-des-enfants-et-travail-force

https://fr.wikipedia.org/wiki/Huile_de_palme

https://reporterre.net/La-FNSEA-coincee-entre-l-huile-de-palme-et-le-carburant-au-colza

http://osonscauser.com/huile-de-palme-diesel-catastrophe-climat/

 

1 Commentaire

roux 13 juin 2018 at 9 h 25 min

En lisant cet article, je me dis que pour »bien faire  » ses courses( car l’huile de palme est à éviter mais d’autres produits aussi,) il nous faudrait une application qui nous renseignerait en direct lors de nos achats car on ne peut pas apprendre cette longue liste par coeur.
Je sais qu’il en existe une concernant le dosage en sucre .

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