CultureIdées

L’écriture inclusive pour les nul.le.s

Posté par Marie 12 avril 2017

L’écriture inclusive, c’est quoi ?

L’écriture inclusive est « Un ensemble d’attentions graphiques et syntaxiques permettant d’assurer une égalité des représentations entre les femmes et les hommes ». En plus clair, c’est une forme de langage qui efface autant que possible la hiérarchie des genres dans notre façon de nous exprimer. Elle peut prendre des formes multiples et toucher de nombreuses facettes de notre quotidien linguistique ; aujourd’hui, nous vous en présenterons quatre : les adjectifs, les noms/déterminants, et les pronoms.

 

L’écriture inclusive, pourquoi ?

Loin d’être un simple véhicule d’expression, la langue est l’empreinte d’un système de pensée propre à la culture de laquelle elle découle. Elle est donc à la fois un outil de transformation du réel et un indicateur des normes sociales de ladite culture. La transformer est une étape hautement significative dans un combat à mener !  Donc si vous alliez me dire « Ce n’est qu’un détail et une convention de grammaire », vous pouvez sortir.

La grammaire française est intrinsèquement sexiste. Pourquoi ? Puisqu’elle porte l’empreinte d’une domination masculine. Mais si, souvenez-vous, le fameux masculin qui l’emporte sur le féminin ! Plus précisément, la règle des accords d’adjectifs est la suivante : si un même adjectif qualifie plusieurs noms dont les genres diffèrent, alors ledit adjectif sera accordé au masculin.

 Une précision importante à signaler : cette règle de grammaire n’existe que depuis le XVIIème siècle, et est universellement appliquée que depuis le XVIIIème siècle. Auparavant, la règle de proximité régissait l’accord des adjectifs : un adjectif qualifiant plusieurs noms s’accordait en genre et en nombre avec le nom le plus proche de cet adjectif. Donc si vous vouliez me dire « Mais on a toujours fait comme ça ! », c’est à votre tour de sortir.

Voici un exemple parce que sinon ce n’est pas clair :

 Les adolescents et adolescentes sont férus de grammaire (sans la règle de proximité)

Les adolescents et adolescentes sont férues de grammaire (avec la règle de proximité)

Ainsi, en effaçant la suprématie d’un genre sur l’autre et en la remplaçant par une simple suprématie syntaxique, la règle de proximité est une forme d’écriture inclusive. Mais elle n’est pas la seule, loin de là…

Les adjectifs

Comme nous venons de le voir, l’accord des adjectifs est au centre des préoccupations de l’écriture inclusive. Bien que la règle de proximité soit pertinente, elle n’est pas toujours facile à utiliser instinctivement, et surtout elle n’est pas toujours applicable. Plus évident à placer, je vous présente…. le point du milieu !

C’est facile : dans un même adjectif qui doit être accordé avec plusieurs noms dont les genres divergent, on a recours à la forme suivante : racine du mot + suffixe féminin + pont du milieu + suffixe masculin + un « s » si les noms sont au pluriel.

En bref :

Garçons et filles ne sont plus férus de grammaire, ils en sont féru.e.s.

(note : Certain.e.s utilisent non pas un point ( » . « ) mais un tiret ( » –  »  ). Chacun ses goûts !

 

Les noms et déterminants

Aah si seulement seuls les adjectifs pouvaient être touchés par la misérable règle « le masculin l’emporte » ! Mais ce n’est malheureusement pas le cas. Lorsqu’un nom désigne un groupe de personnes ou de choses dont le genre n’est pas précisé, alors il sera masculin. De même, puisque le déterminant fait partie du groupe nominal, alors il s’accorde en genre et en nombre avec le nom qu’il détermine, et sera donc masculin par défaut.

Mais pas de panique, le point du milieu est toujours là pour vous sauver ! Le principe est exactement le même que pour les adjectifs.

Exemple :

Tou.te.s les rédact.eur.rice.s de Berthine rêvent d’être aussi doué.e.s en écriture inclusive que moi.

 

Les pronoms

 

L’écriture inclusive ne sert pas seulement à effacer le sexisme de nos phrases, mais participe également à une lente disparition de la binarité des genres dans notre façon d’écrire.

Dans le cas des pronoms démonstratifs et personnels, l’utilisation du point du milieu est tolérée mais rare. On lui préfère des mots-valises mêlant les deux genres. Ainsi, plutôt que d’écrire « Ceux qui aiment le poisson », on écrira « Celleux qui aiment le poisson ». Ou alors, on privilégiera « Iels sont partis acheter de la lotte » plutôt que « Ils sont partis acheter de la lotte ». Comme ça, pas de jaloux !

EN BREF

Ne dites plus que tous ceux qui lisent cet article sont envieux de mes talents de grammairienne féministe

Mais « Tou.te.s celleux qui lisent cet article sont envieu.se.x.s de mes talents de grammairienne féministe » ! 

 

Pour en savoir plus vous pouvez vous rendre sur ecriture-inclusive.fr, ou encore télécharger librement le « Guide pour une communication sans stéréotype de sexe » rédigé par le Haut Conseil à l’Egalité ici:  http://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/stereotypes-et-roles-sociaux/actualites-3/article/lancement-du-guide-pratique-pour   .

 

 

6 Commentaires

GG 14 avril 2017 at 13 h 00 min

« (note : Certain.e.s utilisent non pas un point ( » . « ) mais un tiret ( » – » ). Chacun ses goûts ! » ->

plus qu’une question de goût, je déconseille l’utilisation des « -« , cela rend la lecture par synthèse vocale incompréhensible (source : http://lunatopia.fr/blog/inclusivite-accessibilite)

Répondre
Lya 21 mai 2017 at 21 h 49 min

Je suis favorable a plus d’inclusivité, mais ça en devient illisible…Et quid de la lecture orale?

Répondre
MaryCherryTree 30 mai 2017 at 11 h 39 min

En effet, l’écriture inclusive rend plus difficile la lecture de certains textes, puisque nous n’avons jamais été habitué.e.s à lire nos mots de la sorte dans notre apprentissage de la lecture! Comme beaucoup de choses, c’est une question d’habitude.
Pour la lecture orale, il convient de prononcer les différentes terminaisons du mot à voix haute (donc dire par exemple « Les instituteurs, trices »), et si celles-ci sont muettes, les épeler! (dire « les concerné, e, s [A prononcer « euh », « aisse »] » et non plus « les concernés »).

Répondre
François 19 février 2018 at 14 h 07 min

Bonjour Marrycherrytree et merci pour cet article qui m’a aidé à adapter nos premiers articles en écriture inclusive sur notre blog.

Pour répondre à Lya, j’ai une autre solution aussi pour l’oral, c’est tout simplement de dire « les instituteurs et les insitutrices », l’oral et l’écrit, même s’il s’agit de la même langue derrière, n’a pas les usages. Finalement, n’est-ce pas tout simplement considérer les instituteur·rice·s comme un raccourci élégant à l’écrit de « les instituteurs et les insitutrices » ? J’ai même déjà entendu à l’oral des gens dire : « les instituteurs et trices ».

Répondre
Lauram 21 mai 2021 at 19 h 43 min

Je suis transgenre et me trouve exclu par l’écriture dite inclusive

Répondre

Laisser un commentaire

À lire