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Elections – « Je me refuse au pessimisme »

Posté par Loupche 28 avril 2017

Chez Berthine, on tient à laisser la parole à nos lecteurs et lectrices, notamment pendant cette période d’entre-deux tours. Si toi aussi tu veux nous écrire un petit billet d’humeur, tu peux nous l’envoyer à gomasio@berthine.fr.

Camille a 21 ans. Le 23 avril 2017, c’était ses premières élections présidentielles en tant que votante. Camille, elle va vivre encore longtemps sur cette planète. Et Camille, eh bien elle a un message à nous faire passer.

Toute mon enfance j’ai été bercée par des politiques qui toujours choisissaient la voie la plus simple, le compromis demandant le moins d’effort, l’inaction plutôt que la révolution. Pour sûr j’avais le sommeil tranquille, sachant qu’à mon réveil la France qui m’entourait n’aurait pas changé (ou alors en pire).

J’ai été forcée au scepticisme. Forcée par l’absence de courage, de prise de parti des dirigeants qui n’avaient de volonté que lorsqu’il s’agissait de conserver le pouvoir. Ah, le pouvoir. Quand ils l’avaient ils n’en faisaient rien, ou alors imposaient des choix qui ne profitaient en rien à ceux qui les avaient élus.
Cependant aujourd’hui je me refuse au pessimisme, je me refuse à remplir les bancs d’une jeunesse blasée, dépitée, qui ne croit plus (comment leur reprocher?), qu’un bulletin dans une urne puisse faire avancer la France.

Et quand je dis la France, je me limite à ce territoire parce que c’est hélas le seul sur lequel ma voix peut porter. Mais moi les frontières, qui séparent les peuples plus qu’elles ne les unissent, je n’y crois pas. Essentiellement parce que je ne crois pas à une différence fondamentale entre les êtres humains selon les coordonnées géographiques où ils ont eu la chance ou le malheur de naître. Tout comme je ne crois pas à une quelconque différence homme/femme, entre les individus de sexualité ou de croyances différentes. Et c’est dans la continuité de cette réflexion que j’aboutis à l’idée que nos portes, au lieu d’être fermées devraient être ouvertes à ceux qui se retrouvent dans un tel état de détresse qu’ils n’ont pour autre choix (la mort n’étant pas une option envisageable bien sûr) que de traverser des mers et des continents pour être à l’abri de la monstruosité et des massacres qui ont lieu « chez eux ». Car ce « chez eux » aurait très bien pu être notre « chez nous » si la suite de hasards qui nous a conduit ici et maintenant nous avait plutôt conduit là-bas. Je vous parle d’empathie, c’est tout. Même les dauphins en font preuve, alors n’insultez pas l’espèce humaine et montrez l’exemple.

Alors oui je suis déçue mais surtout abasourdie devant le choix de plus d’un votant sur 5 de mettre à la tête de ce pays une personne qui les rassure car elle prétend lutter contre l’horreur du terrorisme. Alors que ce terrorisme elle le nourrit : les étrangers ? Bien dommage, les statistiques parlent d’elles-mêmes, les terroristes sont clairement majoritairement français de naissance ; les musulmans ? Là encore vous faites erreur, les terroristes sont avant tout des extrémistes. Dois-je vous rappeler Marine que votre catholicisme qui vous est si cher a été à l’origine de guerres des plus violentes et sanguinaires ? Pourtant qui dit catholique ne dit pas croisades. Comme quoi ce n’est pas parce qu’on porte un voile ou une croix que l’on est malveillant, et c’est une athée qui parle.

J’espère qu’en semant la peur elle récoltera le mépris, car c’est après tout ce qu’elle témoigne à tous ceux qui ne rentrent pas dans ses critères de sélection. Elle n’incarne aucun des termes de la devise qui représente la France : ni Liberté, ni Égalité et encore moins Fraternité.
Vous et moi, on vaut mieux que ça.
Pourquoi avoir voté pour un homme qui prétend vous ressembler, vouloir vous représenter, vous protéger, mais qui vole allègrement un demi-million dans les caisses que vous avez vous-même remplies ?

Je me refuse au pessimisme. Je veux croire que je ne suis pas la seule à voir la transition énergétique comme une absolue priorité, et une solution à nombre de problématiques économiques. Je veux croire que je ne suis pas la seule à vouloir faire taire tous ces lobbys, qu’ils soient pharmaceutique, agro-alimentaire ou pro énergies fossile et nucléaire, car leurs intérêts économiques ne devraient jamais, et je dis bien jamais, intervenir dans notre vie et encore moins notre survie.
Face aux inégalités qui se creusent, à une course au profit que l’on soutient plutôt que de répartir plus équitablement les richesses, je veux continuer à croire que notre existence ne doit pas se résumer au strict nécessaire parce que c’est tout ce que l’on peut se payer.

« C’est plus compliqué que ça » me direz-vous. Oui et non. Certes les dizaines de lois, traités et accords qui nous lient seront difficiles à défaire et pourront en vexer certains, mais je crois que l’on a bien souvent tendance à utiliser la difficulté, les obstacles et les démarches à effectuer comme un prétexte à la stagnation. D’autant plus que, reconnaissons-le, nombre d’entre nous ont peur du changement. Mais il est nécessaire. Je veux croire qu’ensemble nous sauront briser cette politique continuelle du moins pire pour choisir le meilleur, avec les efforts et compromis que cela demandera.

Aujourd’hui le choix qui se présente à moi ne rentre hélas dans aucune de mes préoccupations précédemment énoncées, je me refuserai toujours à l’extrémisme, qui exclue et accuse, mais j’ai en face un homme qui a mis un masque de jeunesse (tel le loup qui couvre sa patte de farine), pour faire croire à un renouveau auquel lui-même ne croit pas, qu’il ne souhaite même pas et que par conséquent il n’apportera pas.
Je me refuse au scepticisme. Je me refuse au pessimisme.
Mais à seulement 21 ans, je suis déjà fatiguée.

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